Candidats aux élections du Conseil National des Barreaux du 21 novembre prochain, Matthieu Dulucq et Sandrine Vara conduisent la liste FNUJA sur le collège général province, tandis qu’Aminata Niakate et Thomas Charat conduisent la liste UJA de Paris sur le collège général parisien. Ils nous parlent de leur parcours et des ambitions des jeunes avocats pour la profession.
Affiches Parisiennes : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Matthieu Dulucq : J’exerce au barreau de Nancy depuis ma prestation de serment en février 2002. Je m’y suis installé et associé avec un camarade de promotion trois ans plus tard. Mon activité est majoritairement contentieuse en droit bancaire et en droit pénal. J’ai toujours été investi dans la vie syndicale et associative. A ce titre, j’ai présidé l’UJA de NANCY, puis la FNUJA. J’étais élu lors de la dernière mandature du CNB ou j’ai présidé la commission collaboration. Enfin, j’ai été amené à présider la caisse de retraite et de prévoyance du personnel des cabinets d’avocat, ex-CREPA devenue KERIALIS, à la suite d’une période trouble qu’a connue cette institution. Ce mandat s’achèvera dans quelques mois.
Sandrine Vara : Je suis inscrite au Barreau de Lyon depuis janvier 2010. Je suis associée du Cabinet SIMON LV et exerce principalement en contentieux des affaires, et en droit de l’immobilier et de la construction. Je me suis investie à l’UJA de Lyon dès ma première année à l’école des avocats en 2008 et j’en ai été la Présidente en 2015. La même année, j’ai intégré le bureau de la FNUJA dont je suis actuellement la Trésorière.
Aminata Niakate : Je suis avocate au Barreau de Paris depuis janvier 2010. Après un stage en cabinet d’avocat en sortant de Master 2, j’ai été recrutée comme juriste-fiscaliste par celui-ci et encouragée à passer l’examen du Barreau. Aujourd’hui, je suis installée et exerce en droit des sociétés et fiscalité des entreprises. Je suis également membre du barreau pénal, ce qui me permet de plaider quelques affaires correctionnelles et dossiers en droit des étrangers. J’ai rejoint l’UJA de Paris en 2009, alors que j’étais élève-avocate. J’en ai été la présidente l’année 2015-2016. Je suis actuellement Première Vice-présidente de la FNUJA.
Thomas Charat : J’ai prêté serment en février 2006 et ai fait mes armes dans des cabinets français de droit public traditionnels et dans des cabinets anglo-saxons en droit public et réglementaire, concurrence, compliance, lobbying. Le fruit de ces deux expériences m’a conduit à monter mon cabinet, il y a quatre ans. J’exerce en droit public et réglementaire avec un volet compliance et lobbying pour une clientèle institutionnelle (entreprises, syndicats professionnels, établissements publics). Investi dans la profession, j’ai présidé l’UJA de Paris pour l’année judiciaire 2016-2017.
A.-P. : Pourquoi êtes-vous candidats au CNB ?
Matthieu Dulucq : Parce que je crois à la nécessité d’une représentation nationale forte de la profession. Je sais que bon nombre de confrères ne se sentent pas représentés par le CNB. Peut-être que le mode d’élection de ses membres, tantôt au suffrage universel direct, tantôt au suffrage indirect, ne favorise pas sa légitimité. Je considère toutefois que c’est en travaillant dans l’institution que nous pourrons conduire sa nécessaire évolution et faire entendre notre voix.
Sandrine Vara : Il s’agit pour moi d’une continuité dans mon investissement au service de la profession. Dès l’école, je me suis intéressée aux questions qui touchent notre exercice professionnel, sa réglementation, son développement. Je souhaite aujourd’hui porter, avec mes colistiers, la voix des jeunes avocats au sein de l’institution qui représente notre profession.
Aminata Niakate : Je souhaite porter et faire entendre les préoccupations des jeunes avocats et de la profession toute entière au sein de cette institution qui doit être à leur écoute et leur apporter des solutions concrètes. Je souhaite apporter ma contribution pour que le CNB soit à même de défendre auprès des pouvoirs publics les enjeux du monde de la Justice, d’égalité et de libertés publiques.
Thomas Charat : Pour porter la vision de l’UJA de la profession : entreprenante, conquérante et rénovée, et pour œuvrer à faire tomber les barrières visibles et invisibles qui freinent nos cabinets et ne permettent pas de répondre efficacement aux nouveaux besoins de droit et modes de consommation du droit, sans pour autant trahir notre serment.
A.-P. : Quels sont pour vous les grands défis de la prochaine mandature ?
Matthieu Dulucq : Eu égard à la profonde mutation que connaissent la justice en général et la profession d’avocat en particulier, ils sont nécessairement multiples. Je me contenterai d’évoquer trois sujets. La collaboration tout d’abord. Elle suppose par essence que le collaborateur dispose, dans le temps de la collaboration d’un temps pour sa clientèle personnelle. Chacun sait que ce temps n’est pas toujours respecté et il n’est plus possible de continuer sans doter les ordres de mécanismes de contrôle et de sanction. Si la profession ne fait pas cet effort, c’est l’URSSAF qui l’opérera en ses lieux et place.
La formation ensuite. Cette mandature du CNB aura réussi l’exploit de consacrer un rétrécissement de la durée de la formation initiale, et donc de son contenu, et une augmentation des droits d’inscription… Nous préconisons la mise en place d’une véritable formation en alternance qui non seulement permettrait de donner un véritable statut à l’élève avocat mais en plus ouvrirait l’accès aux financements de la formation professionnelle.
C’est enfin le territoire. La révolution numérique ou l’émergence des modes alternatifs de règlement des différends ne doivent pas nécessairement impliquer la disparition des lieux de justice. Au-delà c’est aujourd’hui, au gré des réformes procédurales, le principe même du double degré de juridiction qui est remis en cause. Rien n’est inéluctable et il n’est pas question de céder aux combats que l’on annonce perdus d’avance.
Sandrine Vara : S’agissant des nouvelles technologies, il y a, à mon sens, deux défis majeurs. Le premier défi va être de réellement accompagner les avocats vers une transition digitale, en adéquation avec les mutations de notre société. Nous vivons dans une société connectée et l’avocat doit investir davantage le marché du droit sur internet.
Le second va être de faire évoluer notre réglementation pour lever les freins à l’innovation, en permettant, de manière encadrée, l’apport de capitaux extérieurs dans les structures d’avocats.
Aminata Niakate : La profession doit en effet poursuivre sa transition vers le numérique, dans le respect de nos principes essentiels, si elle ne veut pas être uberisée par les braconniers du droit qui ne s’encombrent d’aucune déontologie. Elle doit aussi plus que jamais être un rempart des libertés publiques face aux velléités de « tout sécuritaire ». Le CNB devra veiller à ce que les enjeux de justice ne se réduisent pas à des questions de rationalisation de budget (cf. AJ, structures dédiées, carte judiciaire…). Les inégalités au sein de la profession se creusent (inégalités Femme-Homme, paupérisation des avocats). Là encore le CNB devra apporter des réponses concrètes.
Thomas Charat : Ils sont multiples, la profession étant en pleine mutation. Nous sommes en effet à la croisée des chemins, entre un exercice traditionnel, qui petit à petit s’éteint peut-être, et un exercice nouveau encore à construire. Nous aurons comme ardente obligation d’accompagner la profession dans la voie d’une modernisation raisonnée de ses règles, dont nous rappellerons qu’elles sont notre plus-value dans la conquête des marchés.
Les listes FNUJA et UJA de Paris au CNB sont composées de 10 collaborateurs, 16 avocats installés, 13 associés et un collaborateur salarié.
La moyenne d’âge est de 35 ans.
Retrouvez ici la liste des candidats FNUJA Collège général province
Retrouvez ici la liste des candidats UJA de Paris Collège général parisien
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