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De l’affaire Vittorio de Fillippis

Mardi 2 Décembre 2008

De l’affaire Vittorio de Fillippis
Mes chers Confrères,

L’ancien directeur du journal Libération aurait été interpellé vendredi 28 novembre à l’aube, dans le cadre d’une plainte en diffamation. L’interpellation se serait déroulée de manière particulièrement musclée, puisque le journaliste aurait été insulté devant ses enfants, menotté et déshabillé deux fois au cours de son arrestation. Selon la Chancellerie, cette arrestation est tout à fait régulière dès lors que l’intéressé n’aurait pas déféré aux convocations qui lui avaient été adressées (Source : France Info, 1er décembre 2008, 13h53).

Certes l’interpellation d’un journaliste à l’aube, devant ses enfants, transféré menotté, déshabillé à deux reprises, tout cela dans le cadre d’une plainte en diffamation est choquante.

Certes, la FNUJA s’associe aux protestations nombreuses et quasi-unanimes de diverses associations, syndicats et partis politiques et condamne une fois encore les méthodes irrespectueuses de la dignité humaine de certains policiers et appelle à son tour à l’ouverture d’une enquête judiciaire et pourquoi pas parlementaire.

Pour autant, elle s’étonne que la presse unanime, partis politiques de tous bords, associations de défense des libertés de tous horizons, s’émeuvent tout particulièrement de cette affaire en raison de la profession de la victime de ces agissements.

Cependant elle ne s’étonne malheureusement plus que le Président de la République, réagissant à cette triste affaire annonce la création d’une mission de réforme de la procédure pénale de manière à ce que celle-ci soit plus respectueuse des libertés individuelles, faisant ainsi fi du groupe de travail mis en place par le Garde des Sceaux il y a maintenant plusieurs semaines aux fins de réformer le Code pénal et le Code de procédure pénale.

Aussi, la FNUJA rappelle que :

• ce sont des dizaines de milliers de personnes qui sont interpellées tous les ans dans des conditions identiques ;

• que pour autant, même des policiers doivent bénéficier de la présomption d’innocence, alors surtout qu’ils n’ont agit que sur instruction d’un magistrat.

Elle regrette en outre l’absence de réactions équivalentes lorsque de tels agissements sont proférés à l’encontre de citoyens inconnus, tout aussi légitimes à bénéficier du même respect de leurs libertés essentielles qu’un journaliste, aussi remarquable soit-il. Elle regrette notamment l’absence de réaction d’indignation lorsque des avocats subissent des traitements équivalents dans l’exercice de leur fonction, notamment dans le cadre des manifestations de novembre 2007 sur la réforme de la carte judiciaire ou dans le cadre des perquisitions de cabinets d’avocats, afin de recueillir des preuves contres les clients du cabinets au détriment des principes élémentaires des droits de la défense, à commencer par le secret professionnel, essentiel à la protection des libertés individuelles.

Enfin, elle se félicite de la mise en place d’une commission de réforme du Code pénal et du Code de procédure pénale par Madame le Garde des Sceaux, conformément aux voeux déjà anciens de la FNUJA de la réunion d’Etats Généraux de la Justice.

En outre, la FNUJA appelle à une plus grande concertation entre les avocats et les journalistes, en ce que les uns comme les autres concourent à la protection de libertés publiques essentielles au bon fonctionnement de notre démocratie.

Votre bien dévoué confrère.


Olivier Bureth
Président de la FNUJA




Syndicat majoritaire de la profession d’avocats et sans affiliation politique, la FNUJA regroupe 110 UJA réparties partout en France, représentant un réseau implanté dans près de 130 Barreaux.
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