Sortie le 9 mai de 'La liste de Carla', un film de Marcel Schüpbach sur les coulisses du TPIY

Vendredi 11 Mai 2007

Le 9 mai, vient de sortir sur les écrans le film de Marcel Schüpbach "La liste de Carla" dans lequel on voit une femme, procureure du tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie se battre au quotidien pour obtenir l'arrestation des derniers criminels de guerre encore en fuite. Ils s'appellent Ratko Mladic, Radovan Karadzic ou Ante Gotovina. Elle s'appelle Carla Del Ponte.


Avant-première le 26 avril 2007 à la maison de l'UNESCO: Portrait d'une femme qui ne renonce jamais - Portrait d'une communauté internationale ambigüe, par Massimo Bucalossi

Elle est reconnaissable au premier coup d'œil à sa crinière blanche et à ses lunettes noires. Elle, c'est Carla. Carla Del Ponte, Procureur auprès du Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie, la juridiction mise en place par les Nations-Unies en 1993 afin de juger les personnes présumées responsables de violations graves (crimes de guerre, crimes contre l'humanité, crimes de génocide…) du droit humanitaire international dans le cadre du conflit qui a embrasé les Balkans entre 1991 et 1995.

Le réalisateur Marcel Schüpbach nous permet, grâce à ce documentaire diffusé sur grand écran, d'accompagner Madame Del Ponte dans les coulisses de la Justice internationale durant toute l'année 2005, soit 10 ans après le massacre de Srebrenica, point d'orgue dans l'horreur qui a frappé l'ancienne république.

Le temps lui est compté. En effet, le mandat donné au Tribunal par le Conseil de Sécurité de l'ONU expirera fin 2007. Surtout, elle doit lutter contre toutes les formes d'oubli : la disparition des preuves bien sûr, mais aussi l'amnésie plus ou moins volontaires des différents protagonistes et de leurs alliés et l'étonnante faculté d'occultation de la conscience collective, dont l'attention est d'avantage tournée vers la montée de nouveaux périls depuis septembre 2001. Or, Carla a pour mission de retrouver et d'instruire les dossiers des derniers fugitifs, où qu'ils soient et quelles que soient leurs origines.

La "liste" de Carla comprenait une soixantaine de personnes en 1993. Il en reste 7 au début 2005. Toujours plus habiles, toujours plus protégées, notamment par la Serbie.

Il est difficile de ne pas ressortir un peu mal à l'aise de ce film, de cette expérience. Nous savons que, pour le meilleur et pour le pire, le Droit n'est autre qu'une traduction des rapports de forces politiques dans la société. Mais ce reportage va plus loin en montrant à quel point l'application du droit international est elle-même devenue un terrain d'affrontement politique, mettant notamment en relief les ambiguïtés de la communauté internationale, Union européenne comprise.

Carla n'est pas seule. Elle est entourée d'une petite équipe de collaborateurs dont les compétences reflètent toute la complexité de cette Justice : Florence Hartman, responsable de la communication ; Jean-Daniel Ruche, conseiller politique. Etrange pour un procureur. On découvre alors que cette institution a des yeux (pour effectuer un travail de fourmi, accumuler et recouper les éléments de preuve), des oreilles (pour écouter les victimes et les bourreaux), une voix (lors des procès), mais est dépourvue de main en l'absence d'une véritable police judiciaire internationale.

Entre deux réquisitoires (de façon étonnante, le Tribunal est, en lui-même, très peu présent dans ce film), Carla Del Ponte doit donc sans cesse voyager de capitale en capitale, comprendre les manœuvres de coulisses et les jeux d'influence afin de convaincre, inciter les pays occidentaux à ne pas relâcher la pression et jouer sur la volatilité des nouveaux hommes de pouvoir locaux. Pendant ce temps, les femmes de disparus attendent, s'organisent et s'interrogent.

Ah oui, au fait, un dernier "détail" : la Serbie va devenir présidente du Conseil de l'Europe au cours du mois de mai 2007…

Massimo BUCALOSSI – Délégué national de la FNUJA


Débats autour du film les 10, 13 et 14 mai 2007

Vous trouverez en pièce jointe le programme des débats auxquels participeront des protagonistes du film ainsi que d'autres intervenants liées aux nombreuses questions
soulevées par ce film.

Loïc Dusseau