Les jeunes avocats «en insécurité juridique»

Lundi 8 Mars 2010

Article publié sur le site du Républicain Lorrain (www.republicain-lorrain.fr), le 07/03/2010.


Camille Maury : «Les avocats sont sur le pont en permanence».
Le syndicat le plus représentatif de sa profession tenait un conseil décentralisé, hier à Nancy, alors que se prépare une journée d’action de la justice, mardi.


Quel est le but d’une telle réunion ?

Camille MAURY, présidente de la fédération nationale des unions de jeunes avocats : «Nous avons beaucoup parlé de la réforme de la procédure pénale, mais aussi de la question prioritaire de constitutionnalité (lire RL du 2 mars). Nous allons faire le point sur les actions menées autour de celle-ci. Cela devrait continuer la semaine prochaine dans d’autres barreaux. C’est bien de montrer qu’il y a une mobilisation.»


Tous les acteurs de la justice se retrouvent dans une journée d’action unitaire le 9 mars. Vous y participez ?

«Nous allons nous joindre à ce mouvement qui est sans précédent. C’est un moyen de dire que le système devient un peu tout et n’importe quoi. Tous les jours, on nous pond une loi pour le moindre fait divers, c’est insupportable. Cela crée une insécurité juridique terrible. Toutes les réformes à venir et la situation actuelle du système judiciaire seront évoquées, notamment pour nous l’aide juridictionnelle. Cela fait des années que nous essayons d'obtenir des avancées, en vain. L’augmentation obtenue ne suffit pas. Il faut une refonte totale de l’aide. L’Etat ne peut pas tout financer. Nous avons des propositions, comme le recours à la protection juridique, ou une taxe prélevée sur tous les actes enregistrés chez les notaires ou au tribunal de commerce.»


L’avant-projet de loi sur la réforme de la procédure pénale, avec la suppression du juge d’instruction, a été communiqué cette semaine. Avez-vous déjà des remarques à formuler à ce propos ?

«Nous nous étions déjà prononcés au vu du rapport Léger, qui était une étape. Il va falloir digérer ce projet. Il y a des avancées, vu d’où l’on part, mais ce sera insuffisant vu là où on veut arriver. En matière de garde à vue, le rôle de l’avocat ne bouge pas. La proposition de réforme n’est pas en conformité avec la jurisprudence de la cour européenne des droits de l’homme : il n’intervient toujours pas à la première heure. Nous sommes pour sa présence aux interrogatoires et qu’il puisse demander des actes d’enquête, qu’il y ait une égalité des armes entre la défense et l’autorité de poursuite.»

Propos recueillis par Julien BÉNÉTEAU.
www.republicain-lorrain.fr/fr/article/2804290,79/Les-jeunes-avocats-en-insecurite-juridique.html

Anne-Lise LEBRETON