La profession est émue, la Corse est émue, il règne une atmosphère de sidération: le Bâtonnier Sollacaro a été assassiné.
Il était connu pour ses défenses intransigeantes aussi éloignées du Quai d’Orsay que le Préfet Bonnet des Ajacciens... en souvenir, deux épisodes au delà de celui de la junte birmane, qui valent mieux pour dresser son portrait qu’un discours académique qui lui déplairait.
Rentrée solennelle d’Ajaccio: Bonnet, préfet, Sollacaro, bâtonnier. Dès les premières minutes de son discours, Antoine intime l’ordre au futur héros des gérants de paillotes de quitter non la salle, non ses fonctions mais la Corse...
Enquête parlementaire: Mélenchon, membre de la commission, Sollacaro, auditionné:
- Monsieur le Bâtonnier, vous êtes avocat nationaliste?
- Non, je suis avocat et nationaliste.
- Donc vous êtes avocat nationaliste?
- Non, je suis avocat et je défends aussi des nationalistes.
- Ces clients vous payent avec l’impôt révolutionnaire, fruit d’un racket.
- Vous êtes élu socialiste?
- Oui.
- Vos campagnes sont financées par un réseau illégal, fruit d’un détournement de fonds public.
Cette audition prit fin sur un éclat de rire général.
Parce qu’il était comme ça: définitivement grognon et infiniment attachant.
On l’appelait Sollac, le Grizzly de Propriano, on l’appelait ou ne l’appelait pas ou plus, mais on restait sous le charme.
En songeant à sa fin tragique, on songe avec effroi aux mots de Rinaldi: “la Corse, ce pays où les plus belles maisons sont des tombeaux”.
La FNUJA présente à sa famille, et particulièrement à son fils Paul, notre Confrère, et au Barreau d’Ajaccio, ses condoléances.