L'affaire Moulin, du nom de cette jeune avocate toulousaine restée plusieurs semaines en détention provisoire pour "divulgation d'informations issues d'une instruction en cours>, inquiète l'Union des jeunes avocats (UJA). Premier syndicat chez les robes noires, la fédération des UJA a adopté lors de son congrès national un "manifeste des avocats devenus délinquants> réclamant l'abrogation du fameux article 434-7-2 du code pénal, introduit par la loi Perben 2. "Le nouveau garde des Sceaux propose de faire de cette nouvelle infraction un délit intentionnel mais nous réclamons sa suppression pure et simple>, fait valoir Me Frédérique Stéfanelli-Dumur, nouvelle présidente de l'UJA de la Moselle. "La défense est actuellement malmenée. Il faut que les gens comprennent que c'est leur liberté qui est en jeu>, font valoir les jeunes avocats, très "choqués> de la mésaventure de leur confrère thionvillois Pascal Barbier, renvoyé en correctionnelle pour "violation du secret professionnel> (RL du 25 juin). "Ce qui nous a le plus ulcéré, c'est que le parquet ait pu se demander si ce collègue avait touché de l'argent en échange des informations communiquées à la famille de son client. Ces insinuations sont scandaleuses>, déplorent-ils d'une seule voix. D'une manière générale, l'UJA constate une "dégradation assez nette des relations> entre avocats et magistrats, "notamment les jeunes>. "Ils sont assez remontés contre nous, on ne voit pas bien pourquoi. Bientôt, on passera pour des mal-élevés lorsque l'on osera soulever une nullité à l'audience>, ironise l'un de ses membres. Les déclarations tonitruantes de Nicolas Sarkozy, qualifiées de "démagogiques>, sont étrillées au passage. "D'une manière générale, ce gouvernement fait du mal aux droits de la défense>, regrette un jeune pénaliste messin.
Inflation
Pour le reste, l'UJA, qui est aussi un syndicat professionnel, s'interroge sur le statut et la rémunération des élèves-avocats, à l'heure où la durée de leur formation s'apprête à être allongée. Ses membres se demandent également qui paiera la formation continue (20h par an) à laquelle tous les membres du barreau sont désormais astreints, du simple "collaborateur> au "patron>. Les jeunes avocats s'inquiètent encore d'une possible fusion avec les juristes d'entreprise, dans un contexte de forte concurrence (près de 300 avocats au barreau de Metz). L'UJA dénonce enfin le coup d'arrêt porté à la réforme de l'aide juridictionnelle qui, selon eux, s'est "bornée à augmenter mollement quelques unités de valeur>. Au plan local, l'UJA de la Moselle a fait passer un questionnaire anonyme à tous les collaborateurs et "jeunes installés> de moins de 40 ans, afin de dresser un état des lieux de la profession. "Ainsi, nous saurons avec précision dans quelles conditions nos confrères exercent leur activité", précise Me Stéfanelli-Dumur.