Discours de Niels BERNARDINI - Nouveau Président de la FNUJA

Samedi 11 Mai 2024

Par l’union, vous vaincrez. Eloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez invincibles.”
Victor Hugo, 5 septembre 1870
 
-----------------------------------------------------

Chers UJA,
Chers Membres des UJA toute génération confondue,
Chers Amis,
 
Comme il n’y a rien d’original de débuter un discours par une citation d’Hugo !

Mais par son sens et sa dimension toute particulière, moi qui rédige ces premiers mots depuis mon cabinet au 37 avenue Victor Hugo, elle a une portée toute symbolique.

Le symbole, le hasard, ou comme dirait Sonia « le Mektoub », m’amène à prononcer ce discours dans cette ville d’Aix-en-Provence, là où il y a 15 ans tout à commencé pour moi et là où tout commence à nouveau aujourd’hui avec vous.

De mon enfance dans mes provinces d’origines, la Martinique et la Corse, jusqu’à mon arrivé à Paris, Aix-en-Provence et ses 5 années d’études sont un trait d’union unique entre ces deux vies.

A Aix, j’ai appris le droit, l’engagement associatif et syndical pour la cause des étudiants au sein de mon BDE.
C’est à Aix que j’ai grandi, que j’ai voulu devenir avocat et surtout que j’ai rencontré des amis qui sont devenus, une décennie plus tard, ma seconde famille.

Et c’est donc à Aix, aujourd’hui que j’ai l’honneur de présenter ma candidature à la Présidence de la FNUJA…le Mektoub donc.
C’est naturellement que mes prochains mots seront des remerciements à l’UJA d’Aix-en-Provence pour l’organisation de ce merveilleux 81ème congrès de la FNUJA.

Très cher Guillaume, cher Président, cher ami, nous nous sommes rencontrés sur les bancs de la fac à Portalis et qui aurait cru nous retrouver un jour dans cette situation ? Je tiens chaleureusement à te remercier mais également à ta merveilleuse équipe : Audrey, Vincent, Mathias, Alice, Isaïa, Matthieu, Lisa, Benjamin, Guillaume, Pierre-Jean, François, Vincent, Alexandra, Laure, Mado, Nour, Talissa et David.

Vous avez réussi, dans la plus belle tradition de la FNUJA, à nous faire vivre un Congrès Aix’eptionnel et de nous faire découvrir le « centre » d’Aix.

Cette soirée du vendredi soir restera dans les mémoires de la FNUJA, même si je ne suis pas tout à fait certain un jour de me remettre de l’image d’Olivier-Charles en clown de It ou de ce déguisement toute en délicatesse enfantine de Stéphane.

Alors sincèrement, merci, vous êtes, à l’image de cette merveilleuse UJA d’Aix, un exemple pour toutes les UJA.
 
Mais ce Mektoub de ce jour particulier au sein de la ville d’Aix-en-Provence, je le partage avec quelqu’un qui a incarné depuis 10 ans, incarne et incarnera toujours la FNUJA, toi Sonia, ma présidente.

Dès la première seconde de ton mandat tu as forgé auprès de moi, auprès de ton bureau, une admiration qui n’est pas prête de partir. Sonia, tu es de celle qui se bat, qui ne lâche rien, qui à un sens du sacrifice inégalable, et qui a eu comme seule boussole celle de porter haut et fort la FNUJA et la voix des jeunes avocats.

Tu as été de tous les combats, à toute heure de la journée et de la nuit : la défense de notre secret professionnel face aux attaques protéiformes du gouvernement ; la promotion de la Charte International des Droits du Jeune Avocat : grâce à toi c’est 9 barreaux qui ont été signataires cette année; la protection des droits des mineurs en plaçant notamment la FNUJA au centre du Collectif Justice des Enfants ; et bien sure la campagne au Conseil National des Barreaux, où tu as su mener une campagne nationale en tant que Présidente, puis tête de liste en déterminant, organisant et mobilisant, afin de permettre aux jeunes avocats de maintenir leur place unique au sein de l’institution. Je pourrais continuer pendant des heures cette liste tant elle est longue et riche, puis conclure sur une formule synthétique, mais il n’est pas nécessaire d’avoir un slogan quand on a un bilan !

Cette année nous avons traversé des tempêtes que nul n’ignore et tu as su courageusement y répondre par un moment d’échange démocratique qui doit nous inspirer pour la suite. Une suite où il est nécessaire d’offrir la parole aux UJA, qui sont les seules enclines à déterminer la route de notre fédération.

Je ne trahirai aucun secret en disant que nous n’avons pas toujours été d’accord sur tout. Mais tu as toujours accepté de débattre sur nos visions de notre FNUJA. Tu as été parfois la thèse et moi l’antithèse, mais en échangeant nous faisions la synthèse. N’est-ce pas là l’équilibre parfait d’une relation Président-PVP ?

Si, en toute honnêteté, ton acharnement à trouver le bon bandeau de la FNUJA dans un document à adresser à 22H ne me manquera pas, tout le reste oui. Je ne sais pas si j’ai agi toujours comme tu le souhaitais, mais sache qu’à chaque instant dans nos accords et surtout dans nos désaccords, j’ai toujours mis un point d’honneur à t’être loyal comme je t’en avais fait la promesse il y a un an.

Sonia tu es une personne unique et qui a toujours su placer l’honnêteté comme une valeur cardinale. Une honnêteté telle qu’il y a un an, dans ton discours, tu annonçais que tu manquais chaque jour de perdre ton agenda papier… et tu l’as fait !

Je te l’ai déjà dit, et je te le redis ici Sonia, dans ta ville, devant ton UJA, tes UJA, ta FNUJA, tu es brillante, terriblement intelligente, combative, sensible, humaniste et la perspective de ton départ me donne le vertige.

Ce qui me rassure, c’est que ce jour ne marque pas que la fin d’un chapitre au service des jeunes avocats, mais le début d’un autre au sein du bureau du CNB où tu sauras porter comme seule toi sais le faire, les combats et les valeurs de notre syndicat comme l’a rappelé la présidente du CNB jeudi dernier.

Si je sais pouvoir compter sur toi en cette qualité, mais également comme belle-mère, c’est l’amie fidèle que je ne cesserai d’appeler.
Sonia, merci pour tout.
 
*Par l’union, vous vaincrez*
 
N’est-ce pas là l’adage qui a animé les confrères présents dans cette salle du conseil de l’Ordre de Montpellier un printemps de 1932 quand ils ont décidé d’unir les forces des premières Unions des Jeunes Avocats de Paris et de Provinces pour offrir un espace de travail, de confraternité et de dialogue, en fondant ce qui deviendra un peu plus d’une décennie plus tard la FNUJA ?

C’est, presque un siècle plus tard, le moteur qui anime et qui animera toujours notre Fédération.

Car c’est son système fédéral qui permet à notre syndicat de traverser le temps et d’être cette force qui permet par un alliage entre l’unité et l’union de bousculer la profession, de faire émerger des droits nouveaux pour les avocats et de demeurer en première ligne pour garantir la protection de la personne et de ses libertés.

Car nous les jeunes avocats, riches de notre passé, sommes les avocates et avocats du présent ayant pour mission de déterminer la profession de demain.

Mais la FNUJA ne peut reposer que sur un seul socle : vous les UJA !

Peut-être ne le réalisez-vous pas assez, peut-être ne vous le faisons-nous pas assez réaliser, mais vous êtes pour le bureau l’alpha et l’oméga de notre action.

C’est la singularité et la liberté d’idées de chaque UJA qui permet par votre travail de terrain de définir, construire, puis promouvoir nos combats.

Sans vous nous ne sommes rien, avec vous nous sommes tout !

C’est votre travail en commission, en comité et en congrès, qui permet par vos débats, vos désaccords et votre esprit de synthèse, de faire émerger notre doctrine qui a vocation à promouvoir les valeurs des jeunes avocats partout en France.

Car c’est notre Fédération unie et sachant respecter la liberté de réflexion de chacune de ses UJA qui permet de faire émerger la seule vision de la profession permettant de dépasser les clivages de Barreaux qui sclérosent trop souvent le fonctionnement de notre profession.

De part notre fonctionnement, notre impertinence et notre capacité de dépassement, capables de faire fi de nos lieux d’exercices, nous sommes la seule force syndicale en mesure de proposer à nos institutions nationales et au Gouvernement, une vision juste et combative de la profession.

Telle est ma conviction et notre mission à nous, UJA.
 
C’est en disant ces mots que je mesure l’immense honneur qui est celui de présenter cette candidature mais également le poids de notre histoire qui m’oblige.

Ainsi animé par ce devoir de continuité et par les enseignements tirés de cinq années d’engagement au sein des bureaux de la FNUJA et de mon UJA, l’UJA de Paris, que je souhaite, comme la tradition l’exige, lier ma candidature à celui du programme que je vous soumets.

Ce programme ne doit pas être vu comme des points gravés dans le marbre, mais comme cinq chemins tracés que nous prendrons tous ensemble, si vous le souhaitez.
 
Le premier est une route qui mène à renforcer notre fonctionnement interne et l’échange entre les UJA et le bureau.

Les mois que ne venons de passer nous ont enseignés que les UJA souhaitent renforcer leurs présences dans le mécanisme de notre fédération et je m’en réjouis.

Dans une année à venir qui sera dénuée de campagne, il est nécessaire de se retrouver et d’offrir des temps d’échanges avec vous, mais également avec les UJA qui souhaiteraient nous rejoindre.

Si nous poursuivrons les travaux menés pour renforcer notre maillage territorial, je souhaite – à l’instar des mes prédécesseurs – réunir les présidentes et présidents d’UJA à la rentrée pour un temps de dialogue afin d’écouter leurs visions de notre fédération dans le cadre de notre unité. C’est riche de ces échanges que je souhaite francs et respectueux, que vous UJA, pourrez partagez avec nous vos attentes pour renforcer la place de la FNUJA et là vôtre en son sein.

En outre, nous organiserons avec chaque présidente et président d’UJA qui le désire un moment d’échange privilégié au cours de l’année afin d’évoquer la vie de son UJA, les problématiques locales et échanger sur les moyens d’actions communes que nous pourrions mettre en place.

Enfin, tout en poursuivant la publication des Brèves initiées par Sonia, nous fluidifierons la communication entre le bureau et les commissions en proposant un outil numérique collaboratif. Cet outil permettra de rendre plus clair le suivi de nos travaux en cours et réduire les iconiques « Il est ou le projet de motion ? Je l’ai mis dans le WhatsApp où tu trouveras le lien pour le Drive. A non pardon, il est dans la boucle mail ».
 
La deuxième route que je vous propose est celle qui mène à rendre plus visible notre fédération et diffuser au mieux notre Doctrine.

Dans un monde qui malheureusement s’attache plus à la forme qu’au fond, nous devons nous adapter afin de promouvoir nos messages. Et pour cela je suis attaché à un message que ma très chère première présidente Catheline portait « Savoir faire et faire savoir ».
Dès lors, en accompagnement de la finalisation de notre site internet, il vous sera soumis une proposition afin de réviser notre charte graphique. Le projet ici n’est pas de modifier notre logo ou nos couleurs auxquels nous sommes tous attachés depuis leur rénovation sous la présidence de Matthieu, mais de proposer un ensemble de visuels modernes et adaptés aux nouveaux modes de communication afin de propager au mieux nos travaux.

Mais la visibilité de notre syndicat ne s’arrête pas à la communication. Il repose en parallèle des missions de lobbying, sur le contact direct que nous devons avoir avec nos consœurs et confrères.

Ainsi, nous poursuivrons l’organisation des Ateliers dans l’ensemble des barreaux qui en font la demande. A coté des Ateliers de Procédures, de l’Installation, de l’Egalité, des Droits de l’Homme et de la Protection Sociale, je souhaite initier un nouvel atelier consacrer à l’accès des avocats aux marchés publics et amplifier celui du numérique afin d’y intégrer pleinement les outils d’Intelligence Artificielle dans la ligné de nos travaux lors de la table ronde.

Enfin, bras armé de notre savoir faire, les guides de la FNUJA sont une mine d’or pour l’ensemble des consœurs et confrères. Ils sont pour l’ensemble des avocats un outil et un support dans l’exercice de sa profession. Ainsi en plus de leurs impressions physiques, je souhaite qu’il soit proposé une version numérique sur notre site internet à travers un espace « Bibliothèque de la FNUJA » personnalisé et sécurisé afin de démultiplier leurs lectures par toutes et tous.

Ce chemin ne se fera évidemment pas sans la poursuite de la publication du Jeune Avocat Magazine et du Podcast du Jeune Avocat.
 
Le troisième chemin que je vous propose est le plus essentiel : celui de nos idées, de nos combats.
Lors de ce 81ème congrès, grâce à votre travail au sein des commissions, la FNUJA a renforcé son arsenal de Doctrine qui nous permettra d’être parfaitement armé face aux combats à venir pour défendre les valeurs des jeunes avocats, de la profession dans son ensemble et des droits des justiciables.  Comme nous en avons fait notre thème de congrès, la profession fait et fera face dans les mois et années à venir à l’émergence dans chaque pan de notre activité, aux développements de l’intelligence artificielle dite générative. A l’instar de l’arrivé il y a des dizaines d’années des sites de recueils juridiques, l’avocat ne doit pas avoir une approche de défiance au regard de l’I.A, mais d’opportunité.

Comme le rapportent très justement les travaux réalisés sur le sujet pour le congrès, c’est en adoptant une approche proactive et réfléchie dans l'utilisation de l'IA, que nous pourrons transformer nos cabinets pour offrir une meilleure prestation de services juridiques, avec des résultats plus rapides, plus précis et plus rentables pour nos clients.

Cependant, notre rôle d’avocat est aussi celui d’anticiper les risques liés aux dérives d’un tel usage qui doit nécessairement être en adéquation avec nos règles déontologiques et les normes de protection des données telles que le RGPD. Nous devons donc être parfaitement vigilant sur l’émergence d’outils, non encadré par la profession, qui viendrait apporter de « soi-disant » solutions bafouant nos règles et laissant croire aux justiciables qu’il est possible de remplacer l’avocat par une I.A. L’I.A sera demain un outil, mais jamais une solution en soi.

Je souhaite que sur la base des travaux réalisés nous prenions toute notre place au sein du groupe de travail du CNB dédié au sujet et que nous y prenions une place active sur ce thème. Puis, que nous travaillions activement à la préparation de proposition de normes et de réglementations pour garantir l'utilisation éthique et responsable de ces systèmes.

Dans une approche de transversalité sur ce sujet, nous nous rapprocherons des autres professionnels des métiers du chiffre et du droit, et notamment les magistrats, pour enrichir nos réflexions par des regards croisés.

Si nous devons être vigilant sur les nouveautés venant bouleverser nos pratiques, nous devons être intransigeant sur celles qui viennent les remettre en cause. Le 30 avril 2024, l’Assemblée nationale a adopté à une très courte majorité, et nous devons nous en souvenir, la proposition de loi visant à instaurer la confidentialité des avis des juristes d’entreprise sur la base des propositions du rapporteur Jean Tellier. Cette proposition de loi, qui est en réalité un projet du Gouvernement porté par le Garde des Sceaux, doit nous alerter et nous interroger à bien des égards.
 
La FNUJA ainsi que le Conseil Nationale des Barreaux s’opposent depuis plus d’une décennie à ce qu’il soit accordé une forme particulière de confidentialité aux écrits des juristes d’entreprise.
 
Que mes propos soient très clairs sur ce sujet, le combat de la FNUJA ne peut nullement être qualifié de bataille corporatiste, mais de celle, bien plus noble, pour la protection de nos clients. La reconnaissance d’une telle confidentialité n’est pas de nature à répondre aux impératifs de concurrence internationale et au besoin de protection des entreprises françaises. En effet, seul l’avocat et son secret professionnel constitue la garantie pour le justiciable d’être protégé.
 
Je suis de ceux qui considère qu’un combat se mène jusqu’au dernier round, alors nous continuerons à nous opposer tant que le texte ne sera pas ratifié par le Président de la République, que cela passe par des actions de lobbying ou des contributions extérieurs en cas de procédure devant le Conseil Constitutionnel.
 
Dans cette bataille pour la protection de notre secret et donc de nos clients, nous irons au-delà en imposant dans le débat, la constitutionnalisation du secret professionnel de l’avocat. Nous y emploierons toutes nos forces tant elle constitue le seul moyen de garantir de manière inviolable et inaliénable, notre secret
 
De manière plus générale, ce texte et les forces employés pour qu’il soit adopté, doit nous interroger sur la place que le Gouvernement entend donner à l’Avocat dans le monde du droit.
 
L’Avocat est et doit rester la profession centrale de la défense et de l'assistance des justiciables particuliers et personnes morales qu’elles soient privées ou publiques.
 
Je souhaite que nous menions des réflexions transversales sur le périmètre du droit et la place de l’Avocat.
 
A ce titre nous nous devons d’être proactifs et force de propositions notamment sur : Les modalités d'exercice de l'activité d'avocat dans ses domaines réservés et nouveaux, par des réflexions communes avec les jeunes représentants des professions réglementés.   L’encadrement des procédures d’attribution de marchés publics de services juridiques afin de prohiber la concurrence de professionnels non-avocats arguant de qualités pour répondre à des besoins qui ne peuvent être – en réalité – satisfaits que par les avocats. Les réflexions sur le périmètre du droit doivent avoir comme corollaires celles portant sur la sécurisation et le développement de l’activité de l’avocat entendu comme un entrepreneur, qu’il soit en collaboration, en installation individuelle ou en association.

En tant que chef de son entreprise, l’avocat doit avoir une vision claire et à long terme sur le coût des charges obligatoires. A ce titre, une réflexion devra être menée afin qu’il soit créé un outil simple et accessible à tous, permettant de calculer par anticipation le montant des cotisations obligatoires à venir. Une telle visibilité contribuera à rassurer les entrants dans la profession et garantir l’attractivité du métier.

Aussi, nous porterons au CNB le projet adopté au Congrès de création d’un fonds d’investissement par et pour la profession permettant à des structures de faire émerger des projets de développement, tant sur notre cœur de métier que sur des activités commerciales autorisées.

Enfin, l’avocat est aussi un acteur majeur de la formation juridique de ses clients. L’activité de formation par les avocats pour ses clients est un levier majeur de développement d’activité tant pour capter une nouvelle clientèle que pour la conserver. A ce titre, une réflexion devra être menée afin de renforcer et faciliter l’activité de l’avocat formateur de ses clients.
 
Si nous devons nous intéresser à notre développement, nous devons aussi en qualité de jeune avocat avec un grand A, ne rien laisser passer contre les atteintes aux droits de la personne et aux libertés publiques. Je le dis également de manière très claire, nous ne pouvons que constater et surtout déplorer, un glissement du Gouvernement vers la systémisation d’une réponse normative aux faits d’actualité qui privilégie des solutions opportunistes et populistes au détriment des droits et libertés fondamentales.  
Je suis fier à cette tribune de constater les travaux de nos commissions à ce congrès venant dénoncer ces pratiques et notamment les motions des commissions Droit de l’Enfant et International.
 
Dès la semaine prochaine, nous mettrons toute notre énergie afin de porter la motion venant dénoncer le projet de loi relatif à la responsabilité parentale et à la réponse pénale en matière de délinquance des mineurs.
 
Nous serons également vigilants sur les mesures d’exception qui seront appliquées en matière de procédure civile et pénale lors des jeux olympiques et notamment la démultiplication prévue des comparutions immédiates et son impact sur la garantie des droits de la défense.
 
Nous demeurerons en alerte sur le respect des droits fondamentaux dans les lieux de privation de liberté.
 
En matière de libertés publiques, je souhaite que nous, jeunes avocats, nous nous saisissions des questions environnementales entendues notamment comme le droit de chacun de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé.
 
Dans le strict respect de notre objet social, nous devrons nous saisir de l’ensemble des problémes pouvant s’y référer afin de prendre notre place dans ce combat qui est celui du Siècle. Sur un autre sujet, l’actualité va très vite nous rattraper concernant la protection sociale des avocats et l’évolution de notre régime de retraite. Il y a un an, à l’occasion d’un comité à Paris, nous appelions à demeurer vigilant quant à une possible réforme de l’assiette des cotisations sociales et ses conséquences sur la situation financière des cabinets et l’autonomie du régime de retraite des avocats. Dans la ligne directrice de la motion portée au Congrès, nous serons force de propositions dans les débats au sein de la Caisse afin que la vision des jeunes avocats soit entendue et respectée.
 
Je n’ai pas de honte à le dire, et je regarde attentivement Tiphaine, je ne suis pas le plus à l’aise sur ces sujets. Mais c’est là la force de notre Fédération, car je sais qu’avec le soutien de la Commission et de l’intégralité de nos élus à la CNBF, nous pourrons peser dans les débats.
 
Enfin, je voulais vous assurer que nous demeurerons leader sur les questions de formation initiale, de collaboration et d’égalité, car là est notre ADN.
 
Nous avons sur ces sujets majeurs une Doctrine forte qui ne cesse de s’enrichir.
 
La FNUJA demeurera au soutien des élèves-avocates et avocats, par la pérennisation du dispositif d’Assistance Elève-Avocat lancée à l’initiative de Sonia. Aussi, nous poursuivrons nos travaux pour l’adoption du contrat d’apprentissage et sur les questions de financement qui s’inscrit dans un contexte de baisse des crédits et des aides alloués.
 
En matière de collaboration, et grâce au relais privilégié au CNB à travers la présidence de sa commission collaboration par Pierre, nous serons proactifs sur l’ensemble des sujets et dans un premier temps, sur la mise en place de l’Avocat Référent. Je souhaite, et au-delà de notre service Assistance-Collaboration, que nous poursuivions nos travaux sur le bien-être au sein des cabinets, le parcours du collaborateur, le devoir de transmission, mais également sur la mise en place d’un référentiel en matière d’entretien annuel.
 
En matière d’Egalité au sein de la profession, nous serons intransigeants sur toutes formes d’atteinte et force de proposition pour la renforcer, tant sur les inégalités de genre et de sexe que celles liées aux handicaps.
 
Evidemment ce chemin que je vous propose sera en constante mutation au regard des actualités nouvelles qui rythmerons ce mandat et je pense notamment aux volontés de réformer le CNB, qui ne pourra – si cette route qui n’est pas la nôtre est prise – être fait qu’en comptant sur la place des syndicats en son sein.
 
Enfin, nous continuerons à prendre notre bâton de Pèlerin afin de promouvoir la Charte Internationale des Droits du Jeune Avocat dans tous les barreaux de France hexagonale et des Outre-Mer notamment à l’occasion du 38ème congrès de la Conférence International des Barreaux qui se tiendra…en Martinique en décembre prochain. Le Mektoub donc.
 
La quatrième route que je vous soumets, qui sera plus courte à vous présenter, est pourtant, je dois vous le confesser, celle qui me tient le plus à cœur.
 
Le Jeune Avocat au-delà d’être un acteur majeur du présent, doit être en première ligne pour imaginer l’avocat de demain.
 
Je vous propose que, collectivement, nous tentions de relever un défi, celui de renforcer la force de proposition de notre syndicat en prenant la route qui est celle de la FNUJA : la prospective.
 
Pour ce faire, – en parallèle de nos travaux de commission – une grande réflexion sur la profession de demain sera menée. Ces réflexions qui devront être détachées de l’actualité, n’auront qu’une ligne directrice : celle de définir ce que devra être le métier d’avocat dans 25 ans, en adéquation avec nos valeurs et nos idées.
 
Ce grand projet prospectif qui sera mené toute l’année aura pour objectif d’aboutir à un livre Blanc : L’Avocat.e 2050.
 
Pour y parvenir, je vous proposerai de constituer un groupe de travail ad hoc qui sera en charge de mener les travaux, mais également de consacrer à la rentrée un moment qui sera dédié à son lancement.
 
Tous les sujets pourront y être abordés, une totale liberté de réflexion sera offerte aux UJA pour définir l’Avocat de demain.
 
Je suis de ceux qui pense que c’est par la réflexion commune que nous pouvons dépasser tous les clivages. Ce temps de réflexion sera le vôtre.
 
La cinquième et dernière route est celle qui forme le ciment de notre fédération : les rencontres et la convivialité.
 
Parce que nous en avons besoin, je souhaite que cette année, encore plus que les années précédentes, nous prenions du plaisir à nous retrouver lors des comités mais également, et j’oserais dire surtout, lors des soirées pré et post comités.
 
Je ne le cache pas, mon héritage d’ancien président d’un Bureau Des Etudiants, me font penser que nous sommes plus fort dans le travail quand nous avons pris le temps de profiter ensemble des moments de réjouissance. Ces moments de convivialité nous permettent de se connaître, de s’apprécier, de nouer des relations amicales qui nous suivront durant tout notre parcours syndical et au-delà. Ce sont ces relations qui nous permettent de dépasser tous les clivages pour aboutir à des travaux de qualité.
 
Alors pour ce faire, cette année je souhaite organiser quatre décentralisés qui seront annoncés lors du prochain comité, mais également que nos comités centralisés à Paris soient des moments fort de convivialité les vendredi soir.
 
*Par l’union, vous vaincrez*
 
Alors naturellement, ces routes ne pourront être prises qu’avec et grâce à vous.
 
Tout d’abord les UJA toutes ensemble réunies dans le cadre de nos quatorze commissions thématiques.
 
Je sais le travail que vous menez dans vos commissions et je vous en serais toujours et éternellement reconnaissant pour le temps consacré au détriment de votre métier, de vos familles et amis.
 
C’est dans ces commissions que la politique de la FNUJA se décide, vous les membres des commissions, vous êtes les créateurs de notre Doctrine et nous le Bureau, nous n’en sommes que les exécutants. Je tiens à cet équilibre.
 
Ensuite grâce au soutien et à la présence si réconfortante et motivante des belles-mères et de nos membres d’honneur.
 
Depuis ce pupitre je vois tant d’anciens présidents et présidentes qu’ils soient de Paris ou de Province. Vous ne réalisez peut-être pas à quel point vous êtes pour nous des repères et des phares dans la nuit quand parfois le tonnerre gronde un peu trop fort. Vous représentez l’esprit de continuité et de transmission qui permet à la FNUJA de vivre depuis plus de 90 ans. Simplement, Merci.
 
Enfin, rien ne sera possible sans la présence des représentants au sein des organes techniques et des élus de la CNBF et évidemment du CNB.
 
Très chers élus au Conseil National des Barreaux, Sonia, Anne-Laure, Pierre, Julien, Anne-Sophie, Sophie, Guillaume, Alexandre et Pauline, je mettrais toute mon énergie pour que nous puissions collectivement, unis et déterminés porter haut et fort les combats des Jeunes Avocats.
 
C’est ensemble et dans un esprit de concorde que nous ferons avancer nos valeurs. Vous pourrez compter sur moi à chaque instant, pour vous apporter tout le soutien nécessaire dans l’exercice de votre mandat.
 
C’est aussi en prononçant ce discours, et en devenant Président de la FNUJA si vous m’en faites l’honneur, que je prends à ma charge le sens de nos statuts qui exigent à raison que la tête de l’exécutif soit coupée de toute allégeance à son UJA d’origine, afin de toutes les représenter, sans distinction.
 
Alors permettez-moi simplement d’avoir quelques mots pour mon UJA, celle qui m’a permis d’être là devant vous, celle qui a forgé mon esprit syndical, l’UJA de Paris.
 
Je n’ignore rien de la situation et de ses tenants et aboutissants. Mais je sais une chose encore plus fort que le reste, que nous croyons à un destin commun et au moyen d’y parvenir. Je l’ai toujours dis, toujours exprimé, je l’aime mon UJA, ses membres, ses valeurs et son travail, mais je l’aime encore plus aux cotés des autres UJA au sein de notre fédération.
 
Très cher Damien, je loue l’amitié et l’honnêteté qui a toujours guider nos relations dans nos accords comme nos désaccords. Je te sais aussi parfaitement au courant des arcanes du fonctionnement de notre fédération et de la force de cette dernière quand nous avançons main dans la main. Toi et ton futur bureau, vous pourrez compter sur moi, et moi sur vous, pour continuer et renforcer ce chemin commun avec toutes les UJA que je m’apprête à représenter.
 
Ces mêmes soutien et écoute seront apportés sans distinction à chaque membre des UJA formant notre fédération.
 
*Par l’union, vous vaincrez*
 
Si je fais partie de ceux qui pense que le mot bienveillance n’est pas une marque de faiblesse, croyez bien que je ne lâcherai rien et que je m’emploierai jusqu’à la dernière minute de ce mandat à consacrer toutes mon énergie à porter les valeurs et les combats de la FNUJA et m’assurer que chaque UJA y prennent part.
 
Alors que ce discours arrive à sa fin, je souhaiterais comme l’an dernier porter quelques regards particuliers.
 
Le premier est pour moi le plus délicat tant nous avons toujours mis beaucoup de pudeur dans l’expression de nos sentiments. Ces mots sont pour toi Papa.
 
Cette ville, nous la partageons aussi, car c’est ici que tu as fait tes études et c’est pourquoi, sans la connaître, je suis venu y faire les miennes.
 
Si je ne te l’ai peut-être jamais fait comprendre, tu es celui dont l’avis compte le plus pour moi, tu es celui que je veux rendre fier. Pourtant comme tu aimes à me le rappeler, si j’écoute tes conseils, à la fin je n’en fais toujours qu’à ma tête. Mais cet esprit de rébellion contre l’ordre établi c’est toi qui me l’as transmis.
 
Si j’en suis là, si je crois être devenu l’homme que je suis et que j’aspire à être, c’est grâce à toi, je t’aime pour ça, je t’aime pour tout.
 
Merci d’être là avec toi Noëlle qui est depuis 25 ans, cette seconde maman sur qui je peux compter à chaque instant.
 
Mon deuxième regard est un regard plus collectif, il est pour vous, mes sept associés. Je sais pouvoir compter sur votre soutien de tous les jours tant je crois que chez Dorean Avocats nous connaissons les responsabilités syndicales. Simon, mon frère, tu sais à quel point ton amitié, emprunte de franchise et de fidélité sans limite, est tout simplement nécessaire pour moi. Quel honneur pour moi de te rajouter un qualificatif : celle de belle-mère. Je sais que tu seras toujours là et ce, dès ce soir si je décide à nouveau de m’évanouir.
 
Ma Stéphanie, si je ne sais pas encore où les vents de l’engament pour les Jeunes avocats t’emmèneront, s’il te plait n’oublie pas que tu y à toute ta place tant ta force de travail, ton intelligence et ton humanité sont uniques. Tu sais parfaitement tout ce que tu représentes pour moi et je sais que je ne serais pas là sans toi. A nouveau merci d’être toi.
 
Mon troisième regard est tout aussi collectif, il se porte sur les autres membres du Bureau de la FNUJA.
 
S’il n’est pas encore venu le temps des au revoir, je sais que Sonia ne partira pas seule et reprend avec elle dans ses valises pour le CNB, celui qui a rendu sa place au bureau incontournable, toi Pierre. Ce n’est pas encore le temps des au revoir je le sais mais permets-moi simplement de te dire que tu es pour moi unique ainsi que pour toutes les UJA. Tu es mon ami et je n’arrive pas encore à imaginer la suite sans toi au bureau.
 
A celles et ceux qui resteront, si les UJA vous renouvèlent leur confiance, sachez que j’ai hâte de poursuivre l’aventure avec vous : Axel, le loyal à notre bureau et le fin connaisseur de l’historique de la FNUJA ; Rachel, ma Racka, tu portes en toi le feu de la FNUJA, toujours présente, toujours au travail et qui ne lâche rien ; Alexandra, mon soleil, il y a 13 ans tu étais déjà dans mon bureau au BDE, ta fidélité, ton calme et ta finesse d’esprit est un atout pour moi et pour notre fédération ; Alizée, ma perle, ton énergie débordante n’a d’égal que ton engagement sans faille, tu réunis toutes les qualités pour réussir un parcours au service de nos UJA. Enfin à toutes celles et ceux qui rejoindrons rapidement le bureau, vous y serez chez vous et j’ai hâte de vous accueillir.

Mon quatrième et dernier regard, il sera pour toi Camille.

Camille, Camionette, avec Sonia nous partageons cette arrivée commune au bureau de la FNUJA il y a 4 ans. 4 ans d’engagements et surtout d’amitié nous sépare depuis ce jour où, à Marseille, nous nous sommes retrouvés en commission pour préparer et rapporter ce qui était pour moi ma première motion. J’ai le sentiment que nous avons toujours fonctionné en binôme, car nous avons toujours su conjuguer franchise et loyauté. Tu connais comme personne les UJA et la force de la FNUJA que tu portes dans ton cœur. Cette année sera une merveilleuse année pour toi, et tu sais que je ferai tout pour te permettre de profiter au mieux du bonheur qui arrive.
Tu es une battante, une travailleuse et une brillante avocate, je n’aurais pas pu rêver meilleure Première Vice-Présidente que toi.
  
Si vous nous accordez votre confiance, ce binôme sera à votre service pour porter haut la FNUJA.

Alors, Chères UJA, Chers Membres de chaque UJA, chers jeunes avocats, cette année
Imaginons
Inventons
Transgressons
Imposons,
Car par l’union, nous vaincrons !

Niels BERNARDINI