Discours de Julie COUTURIER, Présidente du CNB lors du 81ème Congrès de la FNUJA à Aix-en-Provence

Jeudi 9 Mai 2024

Madame le premier adjoint au maire, Éric Chevalier,
Madame la sénatrice, Brigitte Devesa,
Madame la bâtonnière de l’ordre des avocats d’Aix-en-Provence, chère Monika,
Mesdames et Messieurs les membres du bureau du Conseil national des barreaux, Hélène Laudic-Baron, Jean-Marie Chabaud,
Mesdames et Messieurs les présidents de commission du CNB, Paule Aboudaram et Roland Rodriguez,
Monsieur le président de la Conférence des bâtonniers, cher Jean-Raphaël,
Mesdames et Messieurs les bâtonnières et bâtonniers, Mesdames et Messieurs les présidentes et présidents,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil national des barreaux et, plus particulièrement aujourd’hui, les élus du groupe FNUJA,
Monsieur le président de l’UJA d’Aix en Provence, Guillaume Mas,
Madame la présidente, chère Sonia,
Chères consœurs, Chers confrères,
Chers amis,
 
Ce congrès a pour moi une saveur toute particulière.
 
Depuis que j’exerce et même dès l’école d’avocat, depuis que je me suis engagée dans la vie de notre profession, je n’ai quasiment raté aucun congrès de la FNUJA !
 
Mon premier, c’était en 1994 … 30 ans !
 
30 années de souvenirs, de travaux inspirants, de combats, de rencontres, dans une ambiance toujours chaleureuse, cette année ne fait pas exception à la règle.
 
J’ai l’habitude de dire que j’ai trouvé en m’engageant à l’UJA et à la FNUJA une famille – bien particulièrement précieux pour moi qui n’avais pas d’avocat dans la mienne.
 
J’ai rencontré au sein de la FNUJA, une solidarité extraordinaire et noué des amitiés fortes, qui ont façonné l’avocate que je suis devenue. Permettez-moi un clin d’œil aux membres nombreux ce matin de la FNUVA !
 
J’ai aussi, à la FNUJA, fait mes premières armes politiques et développé les convictions que je défends toujours aujourd’hui.
 
Indépendance, humanité, égalité, forment un triptyque de combat, né sur les bancs de la FNUJA que je m’efforce chaque jour, à la place qui est la mienne désormais, de faire vivre.
 
Défendre notre liberté en protégeant la collaboration, en valorisant notre expertise d’avocat, en promouvant les valeurs de notre serment.
 
Combattre toujours les discriminations quelles que soient leur nature,
 
Inventer de nouvelles manières d’exercer, notamment en disant et répétant sans relâche que les avocats, ont le droit eux aussi, à un équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle.
 
Et chercher, réfléchir, innover pour faire entrer définitivement, notre profession dans le 21ème siècle.
 
Un 21ème siècle qui voit notre profession plus nombreuse, plus diverse, plus féminine aussi, qu’elle ne l’a jamais été.
 
 
Une profession qui change de visage en même temps que se transforment le monde et le marché du droit : l’intelligence artificielle sera, vous le savez, l’un des grands chantiers de la mandature afin d’éviter une justice à deux vitesses et une profession fracturée entre ceux qui pourront s’adapter aux nouveaux outils et ceux qui n’en auront pas les moyens.
 
Merci encore à Hélène Laudic-Baron d’avoir accepté de piloter ce groupe de travail que j’ai voulu transversal tant le sujet l’est (transversal) et tant on est plus intelligents en croisant nos regards.
 
Ce nouveau visage, ces nouveaux défis, ne doivent jamais nous faire oublier qui nous sommes et d’où vient notre force.
 
Nous sommes une profession pluri-centenaire, ayant survécu aux révolutions, aux changements de régimes et aux transformations du droit,
 
Nous sommes une profession qui compte 76 000 talents, présents dans tous les recoins de la France, des Outre-mer, en passant par Paris, et jusqu’à la Lozère, ce petit barreau de dix-huit âmes qui nous rend fiers,
 
Nous sommes libres, parce que nous sommes ensemble,
 
Et nous le resterons tant que nous avancerons ensemble.
 
L’unité et plus encore l’union de notre profession, déterminera notre avenir.
 
Cela vaut pour notre syndicat comme cela vaut pour notre représentation nationale.
 
C’est ainsi que nous serons maîtres de notre destin et jouerons le rôle qui est le nôtre au cœur de la cité. L’avocat n’est pas seulement un professionnel compétent, un ingénieur du droit, un entrepreneur.
 
Il est aussi un acteur majeur de la société civile, le gardien de l’Etat de droit, un passeur de valeurs, doté d’une responsabilité sociale forte : celle d’expliquer l’importance de préserver nos libertés fondamentales.
 
C’est ma conviction profonde et c’est mon combat de présidente de notre institution de représentation nationale.
 
***
Mais ce combat, quelle que soit ma détermination, je ne pourrai le mener seule.
 
Pour une raison simple : c’est un combat qui exige la force du nombre et cette capacité à tenir ses positions que l’on acquiert avec l’expérience, notamment syndicale.
 
Ce que je veux vous dire, c’est que ce combat, si ce n’est pas le nôtre, sera un combat vain.
 
Nous avons besoin de nous rassembler, de nous parler, de nous engueuler aussi (nous sommes avocats et chérissons le contradictoire), à condition que nous soyons capables de nous écouter, de nous respecter et, à la fin, d’avancer ensemble.  
 
Nous avons besoin aussi et j’oserai dire, plus que jamais, que notre jeunesse, que les jeunes avocats, nous poussent à être toujours plus ambitieux, toujours plus audacieux.
 
Nous avons besoin de vous.
 
Vous qui êtes des aiguilleurs,
 
Vous qui êtes chaque jour au contact des jeunes avocats, qui entendez leurs craintes comme leurs aspirations pour demain.
 
Nous avons besoin que vous ne renonciez à rien, que vous nous poussiez dans nos retranchements, que vous ne cessiez de nous rappeler que nous avons changé de monde.
 
Et qu’il est temps que nous soyons à la hauteur des défis que ce siècle tumultueux, nous exhorte de relever.
 
Bien sûr, nous ne sommes pas, nous ne serons pas toujours d’accord sur les solutions, ni sur les moyens mais je crois profondément aux vertus du débat contradictoire.
 
Je le dis d’autant plus que je le vis chaque mois, dans le cadre des assemblées générales du Conseil national des barreaux.
 
Soyons fiers là encore de notre institution, de nos élus et de ce dont nous sommes capables ensemble : ne pas être d’accord, le dire, mais in fine, nous rejoindre pour défendre une position commune.
 
L’assemblée générale du CNB est souveraine, dynamique, diverse, engagée, et je veux remercier chacune et chacun des élus de la FNUJA de cette mandature comme de la précédente, qui participent de cet élan.
 
Sonia bien sûr, qui comme Alexandra Boisramé avant elle, fait vivre avec exigence les positions et les engagements de la Fédération. Sonia avec qui je partage aussi, la volonté farouche de développer l’enseignement du droit dans les collèges et les lycées, car je suis convaincue que oui, si nous voulons que l’éducatif prime sur le répressif, il faut faire vivre la force du droit sur les bancs de l’école.
Pierre Brasquies ensuite, qui suit les traces de Charles-Edouard Pelletier à la présidence de la commission Collaboration, en s’attelant à imaginer une collaboration qui épouse les aspirations des jeunes avocats du 21ème siècle. Il y a les questions d’équilibre vie pro, vie perso, mais il y a aussi des enjeux d’attractivité du modèle à l’heure du télétravail et de l’intelligence artificielle, de protection sociale du collaborateur, qui doivent être explorés avec exigence. Je sais qu’il pourra compter sur l’expérience de Marie-Aimée Peyron et les travaux menés par Catheline Modat sous la précédente mandature.
 
Ce qui m’amène à saluer l’engagement d’Anne-Sophie Lépinard, qui préside la commission Accès au droit. Une commission qui exige une parfaite maîtrise technique des sujets et un sens politique aigu. Nous nous battrons pour obtenir l’indemnisation de l’avocat partout où il y a des trous dans la raquette, nous nous battrons pour qu’en France le droit à une défense pour tous demeure un droit effectif.
 
Je veux saluer également Sophie Andrieu et Pauline Girerd, qui au sein de la commission Formation poursuivent les réflexions amorcées par Stéphanie Balespouey et Pierre Reine sur le statut de l’élève avocat.
 
Julien Brochot, quant à lui, au sein de la commission Liberté et droits de l’homme, poursuivra les travaux menés par Boris Kessel et fera vivre les droits de la défense en matière pénale. Ensemble, nous porterons également un plaidoyer exigeant pour que la dignité des détenus devienne, enfin, un sujet d’intérêt public.
 
Nous nous battrons pour l’extension du droit de visite des bâtonniers aux hôpitaux psychiatriques et pour l’accroissement du nombre de délégués susceptibles d’accompagner ou de substituer le bâtonnier.
 
Tout comme je salue l’engagement d’Anne-Laura Casado qui sans relâche se bat depuis plusieurs années pour que l’égalité devienne réalité au sein de notre profession.
 
Sans oublier l’énergie d’Alexandre Coratella qui siège au sein de la commission Droit et Entreprise, prenant avec détermination la suite de Marion Couffignal en matière, notamment, de développement du marché de la durabilité pour les confrères.
 
Merci aussi à Guillaume Isouard qui œuvre à la commission Numérique et à la commission Règles et usages.
 
Un salut amical enfin à Jean-Baptiste Blanc qui, sous l’ancienne mandature, a notamment fait vivre les états généraux du dommage corporel et continuera à s’y investir.
 
A vous toutes et tous, je ne dirai in fine, que deux choses, très simples.
 
D’abord, merci pour votre engagement.
Ensuite, allez-y, faites-le vivre, faites-le savoir, faites-nous connaître !
 
Car si pour moi, votre engagement ne fait aucun doute, est-ce le cas de nos consœurs, de nos confrères ?
 
Alors qu’à peine 30% d’entre eux participent aux élections professionnelles, nous pouvons légitimement en douter.  
 
Je pose la question d’autant plus simplement que je sais que cette question du « désengagement » de nos confrères, vous préoccupe également.
 
Comment se fait-il que les confrères se soient tant éloignés de l’institution censée les représenter, alors même qu’elle est aujourd’hui enfin reconnue comme l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics ?
 
Pour quelles raisons ont-ils arrêté de s’intéresser aux syndicats, aux Ordres, aux instances de la profession ?
 
La question mérite d’être posée avec lucidité et avec courage à défaut de quoi nous ne remplirons pas notre mission à leur service.
 
C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité, avec le bureau du CNB, lancer une grande consultation nationale qui s’adressera à l’ensemble des confrères.
Nous les interrogerons sur la perception qu’ils ont de notre institution et ce qu’ils en attendent.
 
C’est une consultation qui doit nous permettre de mieux cibler nos actions pour mieux répondre aux besoins de nos confrères.
 
Mais encore faut-il que leur mobilisation soit conséquente pour que les résultats soient utiles.
 
C’est pourquoi nous aurons besoin de chacun d’entre vous.
 
Dans vos barreaux, dans les syndicats, dans vos cabinets, lors de vos apéros !
 
Incitez vos confrères à s’exprimer.
 
5 minutes, 15 questions, pour prendre votre destin, notre destin en main.
 
Nous aurons la joie de lancer officiellement la Consultation à Rouen le 5 juin prochain.
 
A partir de cette date, elle sera accessible jusqu’à la fin du mois de septembre.
 
***
 
Vous l’aurez compris, les mois à venir seront denses, engagés, et foncièrement tournés vers l’avenir.
 
Un avenir que je regarde avec optimisme quand je vous vois réunis ici ce matin.
 
Un avenir que je souhaite également radieux à votre présidente de Fédé, chère Sonia, qui achève aujourd’hui son mandat.
 
Nous avons la chance de te garder au sein du bureau du CNB – et grâce à toi, je le sais, la voix des jeunes avocats continuera d’être bien défendue.
 
Ne me reste plus qu’à souhaiter plein succès au futur bureau et, d’ici là, à vous souhaiter à toutes et à tous, un excellent congrès !  
 

Florian MICHEL