Chères Amies, Chers Amis,
Voici qu’est désormais venue l’heure de ce rendez-vous que j’attends et appréhende depuis quelques temps déjà, celui durant lequel je dois me présenter devant vous, avec authenticité et sincérité, pour vous parler de moi.
Cette sorte d’entretien préalable rituel doit vous permettre de mieux connaître la personne qui présente sa candidature à la Première vice-Présidence de notre syndicat.
Celles et ceux qui se sont prêtés à l’exercice ne me contrediront pas, il est d’une extrême difficulté.
J’y ai également et paradoxalement perçu une chance assez unique de réaliser une introspection qui, à titre personnel, m’a profondément chamboulée et bouleversée...
Il se trouve qu’en plus, je m’y prête à un moment de ma vie où je suis encore plus sensible qu’habituellement…
L’image du jeune avocat ou de la jeune avocate, connu(e) dans ses missions syndicales doit maintenant s’estomper, pour révéler qui se cache derrière elle, à savoir, une personne, dans toute son humanité et sa singularité.
Qui plus est, quelle coïncidence pour moi de prononcer ce discours dans cette salle où mon aventure avec la FNUJA a débuté.
Je ne peux que vous remercier, chère UJA d’Aix en Provence, pour vous être portée volontaire, pour votre accueil et votre dévouement, dans l’organisation de ce magnifique congrès.
Car, comme une boucle bouclée, il y a un peu plus de six ans, le 20 janvier 2018, en tant que Présidente de l’Union des Jeunes Avocats des Pyrénées-Orientales, j’ai assisté à mon premier comité décentralisé dans cette même salle de l’Hôtel de Maliverny.
Pendant les prochaines minutes, avec mon cœur et sans tricher, je vais donc essayer de raconter les évènements qui ont jalonné ma vie et de vous parler des personnes qui m’ont accompagnées.
Commençons par les premières.
Mes grands-parents maternels, Jeannine et Joseph, se rencontrent enfants, dans les années 1940, de l’autre côté de la Méditerranée, en Algérie, dans les rues de Djidjelli.
Lui est né à San Feliu de Guixols, en Catalogne, fils de républicains ayant fui la dictature de Franco. Elle, est l’aînée, d’une mère sicilienne et d’un père corse, arrivés comme beaucoup d’autres en Algérie rêvant d’une vie douce pour leur famille.
Quant à mes grands-parents paternels, Henry et Caroline, ils se connaissent étudiants, à Montpellier. Elle est originaire de l’Aude, ce département voisin des Pyrénées-Orientales que les roussillonnais se plaisent à appeler « pays gavatx », et lui de Collioure, un petit village de la côte vermeille, dont les couleurs ont inspiré Matisse et Derain.
Je suis donc ce qu’on appelle un pur produit méditerranéen.
Jacques et Véronique, mes parents, se rencontrent eux-aussi à Montpellier, sur les bancs de la faculté de médecine.
Mon père est un étudiant un peu dissipé mais brillant, déterminé à atteindre l’objectif qu’il s’est fixé à savoir, devenir médecin généraliste à Collioure et s’occuper des vignes familiales.
Ma mère, quant à elle, doit plus sa présence dans cette faculté à sa volonté de quitter Perpignan, assoiffée de découverte et de liberté, plutôt qu’à une vocation poussée pour la médecine. Elle se réorientera par la suite en droit et réussira fort bien ses études en obtenant, son diplôme supérieur du notariat.
A la fin de leurs études, mes parents se marient et s’installent à Collioure, où un cabinet médical attenant à celui de mon grand-père attend mon père.
C’est à ce moment-là que j’arrive, le 18 décembre 1988.
Un bébé de 4,150kg, qui ressemblait, selon mon père, déjà à un bébé d’un mois.
Si leur amour envers leur petite fille est infini, le leur s’étiole et ne résiste pas à la lassitude d’un quotidien, peut-être trop conventionnel pour eux.
En septembre 1991, ils divorcent, je n’ai même pas trois ans.
Avant les autres donc, j’apprends à mes dépens ce qu’est le chagrin d’une rupture et pendant des années, du fait de sa proximité temporelle avec ma naissance, je pense que mon arrivée n’est pas étrangère à leur séparation…
J’ai d’ailleurs récemment mesuré les difficultés que j’ai pu avoir, étant plus jeune, pour verbaliser mon ressenti, de peur de causer des soucis aux autres, un trait semble-t-il, assez commun à beaucoup d’enfants de parents séparés.
Ma chance néanmoins est de les avoir, eux, comme parents.
Ils m’apportent un amour inconditionnel et infini, dont je ne doute jamais, et qui leur permet, avec beaucoup d’intelligence et de discernement, de dépasser leur colère et leurs rancœurs pour me préserver et me permettre de grandir dans un climat serein et apaisé.
La fluidité de leur relation et leur bonne entente ont d’ailleurs fait naître dans mon esprit d’enfant, l’espoir secret de les voir un jour se retrouver…
Cet espoir s’est amenuisé avec les années mais il n’a pas vraiment été déçu.
En grandissant, j’ai compris que s’éloigner pour tenir son enfant à l’écart des tensions, quand on ne peut plus vivre ensemble et préserver une entente par la suite, même à distance, est bien plus courageux que de le maintenir au milieu d’une situation de conflit permanent qu’il subit, impuissant.
Avec ma mère, nous quittons Collioure pour Perpignan, afin de nous rapprocher du domicile de mes grands-parents maternels.
Elle bénéficie à ce moment-là, d’une passerelle entre le notariat et l’avocature, et mène de front avec constance et courage, sa profession et son rôle de mère célibataire.
Pour l’épauler, ma grand-mère Jeannine s’occupe de moi du matin au soir, avec dévouement, constance et affection sans faille.
Elle a été le pilier de cette enfance, heureuse mais un peu atypique.
Institutrice de formation, elle a suivi attentivement ma scolarité, me permettant d’être une bonne élève.
Un débordement d’amour pour tenter de combler le vide laissé par la séparation de mes parents, qui l’a conduit à vouloir toujours le meilleur pour moi.
C’est ce qui explique qu’elle se soit un peu trop inquiétée de mon en-bon point étant enfant, ancrant ainsi en moi, une image faussée et déformée de l’idéal féminin et de mon propre corps, dont il m’a fallu des années pour me détacher.
Je lui suis, au fond, reconnaissante, car à travers ses propres failles, dont elle n’était en réalité pas responsable, elle a nourri en moi la force de guérir les miennes.
Je sais au fond de moi, qu’elle accompagne chacun de mes pas.
Ma famille maternelle, pied-noire, et est une famille unie et chaleureuse.
Chaque été, toute cette « smala » comme j’aime l’appeler, se retrouve dans le sud de l’Espagne, dans un petit village de la Costa Blanca, entre Valence et Alicante, qui s’appelle Moraira.
De ces vacances du bonheur, je me remémore le goût de la glace au marron glacé et celui des « palitos », ces petits gressins que ma grand-mère achetait pour grignoter à la plage.
De son côté, mon père est attentif et présent dans ma vie, je partage avec lui et ma petite sœur adorée, Mathilde, née en 1995, de merveilleux moments.
Pour elle, le mot « demie » n’a jamais existé.
Il nous initie aux activités qui le passionnent : Plongée sous-marine, planche à voile, ski nautique, randonnée, ski alpin… et éveillera notre goût commun pour les voyages. Auprès de notre père, nous n’avions jamais peur de quoi que ce soit.
De mon attrait pour la mer et pour la faune marine, se révèle d’ailleurs, lorsque j’ai huit ans, en regardant le film « les Dents de la Mer », une passion « dévorante » pour les requins qui ne m’a en réalité jamais quittée.
Ma mère travaille beaucoup pour s’assurer que je ne manque de rien. Je la vois dès lors assez peu, mais l’admiration que je nourris envers elle me réconforte.
Je suis fière lorsqu’on me demande son métier et que je peux répondre qu’elle est « avocate », pour la petite fille que je suis, synonyme d’héroïne, un qualificatif qui lui va d’ailleurs toujours aussi bien aujourd’hui.
Il lui arrive à cette époque de m’amener à son cabinet et même en audience. Je reste persuadée que ces immersions dans le monde judiciaire ne sont pas étrangères à mon parcours.
A mon entrée au collège, mes parents font le choix de me scolariser dans un établissement privé catholique de Perpignan, Saint-Louis de Gonzague, où mon père avait été pensionnaire.
Bien qu’encadrée par des règles assez strictes, j’y forgerai de merveilleux souvenirs de mes années, de la 6ème à la terminale.
J’y rencontre d’ailleurs celles qui sont toujours mes deux meilleures amies, deux de mes personnes providentielles, Claire et Camille, ainsi que mes amis d’enfance, rassemblés aujourd’hui dans un groupe whats app dénommé « El Perpignouz », et régulièrement alimenté par les photos de notre quotidien d’adulte.
Je suis toujours une bonne élève mais bien moins timide, plus dissipée.
Je ne dois en réalité mon maintien dans cette école qu’à une imitation parfaite de la signature de ma mère sur mon carnet de liaison, et des notes plutôt bonnes, sauf en mathématiques.
Je réussis miraculeusement à décrocher un bac S avec mention bien, en ayant eu dans cette matière, la brillante note de 7/20…
Détestant en plus des mathématiques, la physique et la chimie, préférant les matières plus littéraires comme le français, la philosophie ou l’histoire-géographie, ayant manqué de m’évanouir lors de ma première dissection de grenouille au collège, c’est donc avec une certitude quelque peu immature que je décide d’entamer des études de… médecine à Montpellier.
A partir de là, mon père s’emballe, s’enthousiasme et projette en moi ses propres ambitions.
Rapidement, je m’interroge sur la pertinence de mon choix mais terrifiée à l’idée de le décevoir, je ne lui dis rien.
Ce qui me rassure dans ce projet, c’est qu’à Montpellier, je ne serai pas séparée de mes précieuses amies Claire et Camille, qui s’orientent respectivement en médecine et en pharmacie.
Mon manque d’intérêt pour les matières scientifiques m’amène rapidement à un abandon à la fin du premier semestre.
C’est en réalité, pour moi un véritable échec, le premier d’un parcours jusque-là plutôt lisse.
Mon terrain assez fertile aux problèmes alimentaires favorise alors une perte de poids importante, laquelle n’avait au fond que pour seul objectif de manifester sur mon corps, un mal-être et une tristesse que je ne parviens pas à verbaliser.
Mon père prend conscience de mes difficultés et dans un courrier touchant, il écrira cette phrase que je n’oublierai jamais et qui me tranquillisera pour le reste de ma vie : « si tu me dis que ce qui te rend heureuse c’est de jouer du violon dans la rue, ça suffira à me rendre heureux ».
Je comprends donc ce jour-là que celui, dont j’ai toujours admiré la réussite, l’intelligence et le dynamisme, m’aime telle que je suis et sera toujours fier de moi.
Loin d’une carrière de violoniste de rue, je m’inscris alors à la faculté de droit de Montpellier.
En deuxième année, j’y fais deux rencontres qui auront un impact décisif sur la suite de mon parcours.
La première s’appelle Chloé et nos premiers échanges se font autour d’un café, devant le bâtiment 1 de la faculté de droit.
Elle aussi est en réorientation, après une erreur d’aiguillage pour sa première année d’études, en prépa hypokhâgne.
C’est un premier point commun entre nous...
Si dans un premier temps, les autres ne nous sautent pas aux yeux, par chance, les années nous les révèleront au fil du temps.
Elle est aujourd’hui bien plus que mon amie, mon associée avec laquelle j’ai créé Zephyr Avocats, celle en qui j’ai toute confiance et dont je peux compter sur le soutien indéfectible.
La seconde rencontre est un jeune professeur agrégé, brillant, drôle et bienveillant envers les étudiants qui nous dispense au second semestre en L2, le cours de droit administratif. Il s’appelle Guylain Clamour.
Je m’intéresse à cette matière et mes résultats augmentent me permettant d’obtenir mes examens pour la première fois avec une mention.
Soucieux de faire du droit public des affaires, une voie d’excellence, le Professeur Clamour a pour projet de créer un magistère de droit public des affaires.
Dans mon esprit, le magistère est une formation « d’élite » mais surtout austère, fréquentée par des étudiants ambitieux et hautains, affublés au quotidien soit d’un costume, d’une cravate et de chaussures vernies, soit d’un tailleur, d’un sac de marque et de talons hauts.
(Pardon pour les anciens étudiants de magistère dans la salle… Je vous rassure, j’ai depuis quelque peu nuancé mon avis.)
Mon goût prononcé pour le droit administratif me pousse à candidater et, de manière assez inattendue, je suis admise.
« Nous avons décidé de vous faire confiance », me dit le Professeur Clamour, lorsqu’il m’appelle pour m’annoncer cette bonne nouvelle.
J’intègre donc en septembre 2009, la première promotion de cette nouvelle formation.
Mes camarades ont tous des parcours brillants.
J’y retrouve Chloé et j’y rencontre Ariane, fraîchement arrivée de Toulouse, drôle, futée, un vrai coup de cœur de cette rentrée qui s’est confirmé avec le temps puisqu’elle est aujourd’hui ma seconde associée dans l’aventure Zephyr Avocats.
Je fais également la connaissance de Jeremy, qui restera mon meilleur ami, Mathilde, Marie, puis Tom, Marion et d’autres, avec lesquels je noue une amitié durable.
Je comprends aussi que si je ne veux pas être en queue de peloton, il va falloir que je me mette à travailler un peu plus.
Rapidement, Guylain Clamour évoque l’opportunité de passer l’examen d’entrée à l’école d’avocats, le pré-CAPA, dès la fin du Master 1. « Vous serez plus frais » nous dit-il.
L’idée de devenir avocate en droit public commence à germer en moi et sur les conseils de ma mère, je sollicite Gilles Margall, une de ses connaissances, avocat en droit public à Montpellier, pour qu’il accepte de m’accueillir le temps d’un stage en juin dans son cabinet.
Je me greffe durant cette première expérience, à sa jeune collaboratrice, Gaëlle d’Albenas, qui m’amène partout et me fait découvrir un métier que je ne connaissais pas, bien éloigné de ce que j’avais pu connaître avec ma mère. Et ça me plaît…
A la rentrée en Master 1, en septembre 2010, je m’inscris donc à l’IEJ.
A compter du mois de juin, bien décidée à ne sacrifier qu’un seul été et non plusieurs, je mets en place un planning de révision assez strict qu’à ma grande surprise, j’arrive à tenir.
Durant cette période estivale studieuse, nous sommes fort heureusement cinq, embarqués dans la même galère, Chloé, Ariane, Jérémy, Marie et moi.
Nous nous appelons, nous partageons nos informations, nous nous transmettons nos fiches et nous nous encourageons.
A la rentrée 2011, nous intégrons tous le Master 2 Contrats Publics et Partenariats auquel le travail en magistère nous préparait depuis notre troisième année.
Nous passons en parallèle, tous les cinq, les épreuves du pré-CAPA, d’abord les écrits puis les oraux, et j’ai tout au long de ces épreuves, un bon pressentiment, notamment durant mon grand oral.
Les résultats sont annoncés le 8 novembre 2011, dans l’Amphithéâtre 007 du bâtiment 2 de notre faculté.
Le Professeur Philippe Petel égraine, par ordre alphabétique, les noms des admis.
« Mangin Pauline »
« Mangin, Manya, si le prochain nom n’est pas le mien, c’est mort » me dis-je intérieurement…
« Manya Camille »
Me voici admise, je serai donc avocate.
La fête de cette réussite durera non pas une soirée mais en réalité, une année, cette année 2011-2012, le millésime de mes années à la faculté.
En septembre 2012, je fais ma rentrée à l’Ecole de formation des avocats centre-sud de Montpellier, l’EFACS.
La proximité alphabétique de nos noms de famille nous permet, avec Chloé, de ne pas être séparées dans les groupes de travail.
A compter de mars 2013, j’effectue mon stage d’élève-avocate au sein du cabinet Scheuer-Vernhet et associés, SVA, l’un des plus gros cabinets montpelliérains.
Madeleine, elle aussi étudiante à l’EFACS, est ma costagiaire, elle fait du droit de la construction.
Une amitié forte se noue entre nous et le rire est notre meilleur allié pour dédramatiser les difficultés du métier d’avocat que nous découvrons sur le tas.
Rapidement, j’apprends qu’il n’y aura pas de perspective de collaboration pour moi dans ce cabinet.
Je vis à nouveau comme un échec, le sentiment de n’avoir pas réussi à donner envie aux avocats avec lesquels je travaille de me garder.
Je dois donc me mettre en quête d’une première collaboration, en droit public.
Je décide de concentrer mes recherches sur les deux grandes villes les plus proches de Montpellier, Marseille où Claire suit son internat d’orthodontie et Camille son école d’architecture, et Toulouse.
Un cabinet toulousain répond alors à ma candidature me demandant préalablement de prendre ma journée pour cet entretien. A mon arrivée, je découvre qu’il va me falloir rédiger un mémoire en défense en droit de l’urbanisme… Je me plie à cette exigence, qui avec du recul, aurait dû m’alerter…
Je suis embauchée et en octobre 2013, après avoir réussi mon CAPA, je m’installe à Toulouse, une ville que je connais peu.
Cette première collaboration se passe mal. Elle se terminera au bout de quatre longs mois.
L’échec à nouveau et le sentiment d’avoir raté mon entrée dans la profession m’envahissent et me paralysent dans la perspective de nouvelles recherches, je me sens nulle et incapable d’exercer ce métier.
Je ressens aussi beaucoup de colère car je sais que mes droits en tant que collaboratrice libérale n’ont pas été respectés, mais je n’ose pas agir, par peur.
C’est de cette première expérience ratée que j’ai, je pense, nourri une partie de mon engagement et de ma détermination à lutter contre les mauvais traitements subis par les jeunes avocats collaborateurs.
Inquiète de me voir aussi déstabilisée, ma mère me propose de m’embaucher en collaboration à mi-temps.
Début avril 2014, j’intègre le Barreau des Pyrénées-Orientales.
J’y fais assez rapidement ma place et à vrai dire, je m’y plais.
Quelques semaines plus tard, j’apprends que Gilles Margall, le même avocat qui m’avait accueillie en stage lorsque j’étais à la faculté, recherche un avocat publiciste pour son cabinet secondaire de Perpignan.
Ma candidature est acceptée et débute en septembre 2014, une collaboration extrêmement formatrice qui durera cinq années et qui fera de moi, l’avocate que je suis aujourd’hui.
Parallèlement, pour nouer des liens avec les avocats de mon Barreau, j’adhère rapidement à l’UJA des Pyrénées-Orientales et me rend aux événements.
Sabrina Brazo est alors Présidente. Rapidement, le courant passe entre nous.
C’est avec elle que j’entends parler pour la première fois de la FNUJA avec la « caravane de l’installation » qui passe à Perpignan au mois de septembre 2014.
Ne me jugez pas si je vous dis qu’à ce moment-là, j’imagine alors une caravane bleue et jaune, remplie de goodies, qui sillonne la France pour héberger les jeunes avocats de la FNUJA qui viennent dispenser des formations aux jeunes Confrères.
A la fin du mois de septembre 2014, une réforme de l’aide juridictionnelle est envisagée.
Les barreaux se mettent en grève et je rejoins les marches du Palais de justice aux côtés de mes nouveaux Confrères.
L’ordre appelle une équipe de volontaires pour un aller-retour à Paris le 10 décembre 2014, dans la journée. Une véritable opération commando, départ à 5heures, retour à 23 heures.
Aucun problème pour moi, le train ne me fait déjà pas peur.
Dans cette marée de robes noires, je croise Chloé avec laquelle je pose fièrement sur un selfie, rabat, rouge pour elle, sang et or pour moi, sifflets autour du cou.
J’entrevois au loin les banderoles bleues et jaune de la FNUJA, et cette bande de jeunes Confrères qui ont l’air de si bien s’entendre…
Au retour de cette manifestation, Sabrina me propose rapidement d’intégrer le bureau de l’UJA que j’accepte avec enthousiasme.
En janvier 2016 néanmoins, mon activisme débordant est stoppé net par une grave fracture de la cheville droite, au cours d’un accident en monoski nautique, qui me contraindra à l’immobilisation durant plusieurs semaines.
Une reprise de mes activités prématurée aura d’ailleurs raison de ma récupération et me laissera quelques séquelles arthrosiques qui expliquent les raisons pour lesquelles, en soirée notamment, vous me verrez très rarement en talons, allant même parfois jusqu’à troquer discrètement des chaussures inconfortables contre une paire de baskets…
En dépit de ces difficultés, à la fin de l’année 2016, je deviens Présidente de l’UJA des PO, avec un bureau en grande partie renouvelé.
Sabrina prend la vice-présidence, gardant ainsi un œil bienveillant sur l’UJA, et Maka et Fiona nous rejoignent, respectivement en tant que secrétaire et trésorière.
Je partage avec elles trois, un enthousiasme sans limite et une énergie débordante, notre entente au sein de ce bureau est parfaite.
Nous mettons en place des formations régulières, grâce à la FNUJA, et des événements qui rencontrent un franc succès.
Je ne suis pas peu fière d’ailleurs que la plupart d’entre eux, comme l’arbre de noël, une idée de Maka, ou encore les Jeudis de l’UJA, traversent les années et perdurent aujourd’hui.
Au début de l’année 2018, l’envie d’aller à la rencontre de la FNUJA me traverse alors l’esprit.
Le prochain comité se tient le 20 janvier 2018, à Aix en Provence.
Je suis bien trop timide pour m’y rendre seule durant tout un week-end, alors je décide de faire l’aller-retour le matin, depuis Montpellier.
J’arrive donc, le samedi matin, à Aix en Provence et entre dans cette même salle, impressionnée par tant de monde.
Je me présente au Président de l’UJA d’Aix en Provence, un certain Guillaume Isouard, il me salue et note mon nom.
Rassurée, j’aperçois deux visages me sont connus, camarades de promotion à l’EFACS, Yannick Cambon, Président de l’UJA de Béziers et Fanny Pierre, Présidente de l’UJA de Draguignan. Ils m’accueillent chaleureusement et me présentent à d’autres confrères.
Sur l’estrade, sont installés les fameux « membres du bureau » de la FNUJA, dont je connaissais en réalité les visages pour avoir consulté le trombinoscope sur le site internet.
Au centre, c’est la Présidente, Alexandra Boisramé, celle avec laquelle j’échangeais à propos des formations et dont Chloé, inscrite alors au Barreau de Nîmes m’avait parlé.
« Tu vas voir, c’est une nana géniale » m’avait-elle dit.
Je dois dire que je suis assez impressionnée lorsque je la vois et l’entends mener cette réunion.
Chloé ne m’avait pas menti, cette fille est canon, rayonnante, lumineuse, ça m’a l’air d’être en effet une sacrée nana.
Elle sera celle que j’ai toujours admiré et que j’appellerai plus tard et avec beaucoup d’affection, maman chat.
Si j’observe les gens autour de moi, en revanche, je ne comprends rien à ce qu’ils disent.
Un texte est projeté, apparemment, ça s’appelle une motion, je me demande bien qui a pu l’écrire.
Elle évoque le pacte de quota litis, dont la prohibition serait apparemment menacée, et détaille la position du syndicat, qui s’y oppose.
Une fille demande la parole et se lève je comprends qu’elle s’appelle Ariane et qu’elle s’occupe de la commission mineurs. Elle suggère de remplacer un « ESTIME » par un « CONSIDERE »…
Ils sont fous ces gens…
A la fin du comité, Alexandra me donne la parole, à l’occasion de la vie des UJA.
Je note qu’elle elle se rappelle de mon prénom et en plus, elle souligne le dynamisme de notre UJA, au regard du nombre de formations organisées.
Une grande fierté m’envahit.
C’est ainsi rechargée à bloc par l’énergie de cette assemblée, que je rentre à Perpignan, avec déjà l’envie de revenir à la « fédé ».
Ça tombe bien, le comité décentralisé suivant se tient à Nîmes, à deux heures de Perpignan.
En plus, je ne serai pas en terres trop inconnues, la Présidente de l’UJA de Nîmes est Pauline Garcia, nous étions dans la même promotion à l’école d’avocats de Montpellier.
En discutant avec les personnes présentes à la soirée, je comprends que le comité du samedi se tient non pas le matin, mais l’après-midi… Je n’avais effectivement rien compris de mon précédent comité.
Le lendemain, je croise Alexandra la rayonnante aux alentours de midi, qui me demande si je suis seule, je réponds par l’affirmative et elle m’invite à rejoindre sa tablée au restaurant de l’hôtel.
Parmi eux, il y a Jean-Baptiste Blanc, je devine sans trop de difficulté qu’il est de l’UJA de Marseille, et me dit que ses cousines sont avocates à Perpignan.
Je ne pourrai pas me rendre au Congrès de Bayonne et ce n’est en réalité qu’au comité de Lyon, que je retrouverai la FNUJA, en avril 2019.
Entre temps et d’une certaine façon, forte des échanges que j’avais pu y avoir et soutenue par mon UJA, j’intègre en janvier 2019, le Conseil de l’Ordre de mon Barreau, en binôme avec Mathias Blanc (aucun rapport avec les cousines de Jean-Baptiste).
Je découvre le fonctionnement du Barreau et prend pleinement la mesure du rôle important des membres du Conseil de l’Ordre.
Cette année 2019 est marquée par un évènement difficile, qui viendra bouleverser ma vie.
En février, j’apprends que ma cousine germaine, Laure, 36 ans, mère de deux jeunes enfants, est atteinte d’une leucémie et que pour survivre, elle a besoin d’un don de moelle osseuse, de la part d’un donneur compatible.
Son petit frère, Jean-Roch, affectueusement surnommé Jojo depuis son enfance, a le même âge que moi et nous sommes très proches. Il en est profondément bouleversé.
Alors, pour donner à Laure l’envie de tenir le coup et de se battre, et à notre Jojo, l’espoir de voir sa sœur guérir, avec mes cousines notamment ma grande cousine Sophie, nous remuons ciel et terre pour mener toutes les actions qui permettront de sensibiliser les personnes à l’impérieuse nécessité de s’inscrire sur la liste des potentiels donneurs de moelle osseuse et trouver le donneur compatible pour ma cousine.
Les médecins finiront par le trouver, un don de moelle pour un don de vie, celle de ma cousine sera ainsi sauvée.
La précarité de l’existence me frappe alors durement au visage. La maladie de ma cousine me fait prendre conscience que tout peut s’arrêter, du jour au lendemain.
Cela me pousse à m’interroger sur ma propre vie et notamment à propos de cette case dans laquelle je m’obstine à vouloir rentrer, ces rails sur lesquels je fonce à toute allure.
Alors, comme un symbole de mon émancipation, je décide, pour l’été de mes 30 ans, de partir seule, à l’autre bout du monde, plonger sur l’île de Guadalupe, une île du Pacifique au large du Mexique, à la rencontre de cet animal qui me fascine depuis mon enfance, le grand requin blanc.
Cette expérience est marquée de manière indélébile sur la peau de mon poignet gauche, par un petit aileron fendant les vagues de l’océan.
Ce même été 2019, je décide aussi de quitter ma collaboration et d’installer mon propre cabinet dès la fin de mon préavis, en janvier 2020.
En prenant le parti d’exercer en droit de la fonction publique et de me placer du côté des agents, j’ai le sentiment de contribuer à un rééquilibrage d’une situation inégalitaire par essence.
Au fond, l’exercice de cette matière va de pair avec mon engagement syndical, que je poursuis au sein de la FNUJA.
En mai 2019, je rejoins Paris pour mon premier Congrès.
Lors de l’Assemblée Générale, je me présente auprès d’un certain Charles-Edouard dit Charlou, de Strasbourg, « Je m’appelle Camille Manya (et non pas Camille Onette [ndlr : mon pseudo sur le réseau social facebook]) et je viens de Perpignan ». Suffisamment convaincant pour qu’il m’entraîne avec lui en commission collaboration.
La FNUJA veut œuvrer pour la création d’un contrôle des modalités de l’exécution des contrats de collaboration par les Ordres et la création d’une sanction d’interdiction de recruter un collaborateur….
Ces propositions résonnent en moi et me rappellent l’expérience difficile de ma première collaboration à Toulouse, durant laquelle j’aurais tant aimé que l’Ordre agisse grâce à des tels outils.
La motion présentée s’intitule « halte à l’impunité », elle est adoptée et quelques années plus tard, ces travaux aboutiront, grâce au travail de Charlou, alors Président de la commission collaboration du CNB, à la concrétisation du contrôle évoqué et à la création de cette nouvelle sanction.
A la rentrée 2019, la rumeur de la suppression de notre régime autonome de retraite, voulue par le gouvernement commence à se répandre et la FNUJA, en alerte grâce au travail de Catheline Modat, alors première vice-Présidente, appelle ses troupes pour mobiliser les Confrères.
Unis dans la contestation, l’ensemble des barreaux se mettent alors en grève et les avocats descendent dans la rue, à Paris mais aussi dans les villes de province. Je manifeste ainsi tantôt avec mon barreau et mon UJA, tantôt avec la FNUJA, à Paris.
C’est dans ce contexte tendu que se tient le comité décentralisé de Lille, en février 2020 au cours duquel la mythique soirée à la Bonbonnière nous fera oublier, pour quelques heures, les tensions liées à ce contexte.
En mars 2020, le monde se fige. La pandémie de Covid 19 fait trembler la planète et les populations se confinent.
A cette époque je vis seule, à Perpignan et me retrouve confinée dans mon appartement.
Les apéritifs du vendredi soir avec la belle équipe des « recrues la Bonbonnière » deviennent un rituel salvateur dans mon isolement parfois pesant.
Permettez-moi de profiter de l’occasion pour vous dire à toutes et tous, habitués ou moins habitués de ces rendez-vous, vous qui vous reconnaîtrez à travers ces joyeux souvenirs, à quel point votre énergie, votre bonne humeur ont été source de réconfort, je vous en remercie.
Au printemps, la France se déconfine par étape et pour la FNUJA, le temps des retrouvailles approche.
Après l’annulation du Congrès en Guadeloupe, un nouveau Congrès est programmé, il se tiendra à Marseille en juillet 2020 et bien entendu pour rien au monde, je n’aurais manqué ce rendez-vous.
J’y retrouve avec enthousiasme la commission collaboration, toujours présidée par Charlou qui cette fois, ne me laisse pas d’autre choix que de venir rapporter la motion à ses côtés.
A la fin de l’assemblée générale, déterminée à concrétiser, mon engagement pour la FNUJA, je m’approche de Catheline, future Présidente, pour lui faire part de ma candidature au poste de déléguée FNUJA.
Elle me répond alors : « Attends, on a pensé à autre chose pour toi Simon veut te proposer d’intégrer le bureau. Il t’en parlera ce soir ».
Je n’y crois tout simplement pas.
Moi qui arrive d’une toute petite UJA du bout de la France, qui me suis engagée, sans rien attendre en retour, avec je pense, authenticité et sincérité, je n’imaginais pas une seconde qu’on me ferait un tel honneur.
J’apprends aussi qu’entreront en même temps que moi, Sonia Ouled-Cheikh, avec laquelle j’avais déjà noué une certaine complicité autour de nos goût musicaux communs, et Niels Bernardini, issu de l’UJA de Paris, dont Simon Dubois me dit qu’il est un « super mec ».
Le comité électif est programmé le 29 août 2020.
Ce week-end là, j’organise l’enterrement de vie de jeune fille de ma meilleure amie Claire, à Sète.
Qu’à cela ne tienne, portée par une énergie sans limite, je prends, après une nuit blanche, un avion de Montpellier le matin pour faire l’aller-retour dans la journée.
Le comité se tient dans la bibliothèque de l’ordre des avocats à la cour d’appel et les règles de distanciation nous contraignent à poser éloignés les uns les autres sur la photographie du bureau.
Je décline en revanche, ma participation au premier week-end bureau de Catheline, car Claire, dont je suis la témoin, se marie avec Charles-Henri, le même week-end, le 26 septembre 2020.
Et à cette occasion, j’y fais une rencontre que je n’attends pas.
Un des témoins du marié s’appelle Arthur (en réalité, sur quatre témoins, trois d’entre eux s’appellent Arthur, mais ce sont le sourire franc et le regard doux du plus grand des trois, qui retiendront toute mon attention).
Ce jour-là, je sais déjà au fond de moi, que je viens de rencontrer l’homme de ma vie. Celui pour qui, par la suite, je n’hésiterai pas une seconde à déplacer ma vie vers Annecy.
En marge de cette nouvelle vie entre Alpes et Pyrénées, notre année au bureau se poursuit au rythme des confinements successifs et des restrictions sanitaires qui nous imposent la visioconférence, nous empêchant de profiter des moments de convivialité.
L’UJA de Lyon, en juin 2021, sous la présidence d’Achille Viano, accepte avec gentillesse et dévouement, d’organiser le congrès en version restrictive, et j’expérimente le rythme d’un premier Congrès en étant membre du bureau.
Dans un discours unitaire et rassurant, Simon Warynski nous promet que « tout ira bien ».
J’apprends que Pierre Brasquies de Grenoble et Axel Calvet, du Val d’Oise, qu’à cette époque je ne connais qu’à travers les apéros en visio du confinement nous rejoignent au bureau et je m’en réjouis.
D’autant que j’avais eu l’occasion de constater qu’avec Pierre, nous partagions une passion commune pour les chanteurs oubliés des années 90-2000, moi les Backstreet Boys et lui, Eve Angeli, cela ne pouvait qu’augurer une bonne entente.
Je ne soupçonne pas en revanche à ce stade, qu’elle se transformera en une belle amitié, sincère, franche et loyale.
Quant à Axel, nos premiers échanges se feront à Riquewihr, je comprends rapidement qu’il déborde d’entrain.
Nous retrouvons dès le mois d’octobre 2021, les précieux rendez-vous des comités décentralisés, d’abord à Nice, puis à Risoul et à Saint-Malo, où nous profitons des moments de fête, si heureux de nous voir, enfin « en vrai ».
Le congrès en fin de mandature, organisé d’une main de maître par l’UJA de Strasbourg et de Saverne, présidé par Anne Gangloff, nous rassemble. Un congrès en partie studieux pour moi, en tant que trésorière.
C’est à cette occasion que Sonia y prononcera un magnifique discours de candidature à la première vice-Présidence.
Je suis à vrai dire très émue de la voir accéder à cette fonction.
Depuis le départ de mon aventure à la FNUJA, elle est ma boussole.
J’ai tissé avec elle des liens forts, et la complicité qui nous liait à notre entrée au bureau se mue en une amitié sincère.
Je ne crois pas que le destin l’ait mise sur ma route par hasard.
Courageuse, brillante, perfectionniste, je lui serai toujours reconnaissante.
Quant à Simon Dubois, candidat à la Présidence, il nous livre un discours engagé et prenant.
Durant sa mandature, il garde le cap et ne fléchit pas, en dépit des tempêtes que nous traversons.
Rachel Akacha, vient de nous rejoindre, et très vite, intelligente et dégourdie, elle sait s’adapter, à vrai dire, elle m’impressionne.
Mon plus beau souvenir de cette mandature, première année à la vice-Présidence Province, restera le comité de Perpignan, organisé grâce à la confiance de mon UJA des PO.
Je serai toujours reconnaissante envers son bureau qui m’a suivie dans ce pari un peu fou. UJA des PO, si tu ne viens pas à la FNUJA, la FNUJA viendra à toi !
Julien, Yann, Alice, Jordi, aujourd’hui rejoints par Eleonore, Claudia, Antoine, Roxane, Aurégane, Lisa, qu’elle est belle cette UJA !
Dans le même temps, je me réjouis de l’arrivée de l’UJA d’Annecy au sein de notre fédération, dont les membres m’accueillent chaleureusement, car je viens de créer un cabinet secondaire, à Annecy, dans l’objectif de m’y établir désormais durablement.
D’ailleurs, je sais au fond de moi que la FNUJA n’est pas étrangère à la confiance et à l’audace que je puise en moi, pour me lancer dans le pari un peu fou d’ouvrir un cabinet secondaire à 700 kilomètres de mon barreau d’exercice.
La présence de Pierre et des copains de l’UJA de Grenoble, à proximité de ma nouvelle ville, me rassure.
Nous profitons, en mai 2023, d’un cadre idyllique, de la gentillesse de l’UJA de Guadeloupe, qui nous reçoit pour le Congrès, de Kenny Bracmort, son président, et de Sandra Divialle-Gélas, qui ont, à cœur de nous recevoir et nous faire connaître leur magnifique île.
Ma seconde année en tant que vice-présidente Province débute alors par les cinq plus longues minutes de ma vie, une chute par-dessus bord, au départ de la Juris’Cup, sans gilet de sauvetage, au milieu de la rade de Marseille, comme le présage d’une année mouvementée, qui s’achève au pied de cette première marche vers les plus hautes fonctions de notre syndicat.
M’y voilà, ce qu’en réalité, je n’imaginais pas une seule seconde lorsque j’ai accepté de rentrer au bureau.
Ce sont désormais vos votes qui me donneront l’élan nécessaire pour la gravir et m’engager pour deux années intenses, au service de la FNUJA.
Arthur, sache que je mesure chaque jour, la chance que j’ai de t’avoir dans ma vie. Je suis si heureuse de savoir que la petite fille que nous accueillerons bientôt aura pour père, la plus belle personne du monde, le plus extraordinaire des hommes.
Niels, je suis certaine que notre binôme à la tête de notre syndicat fonctionnera sans difficulté, toi et moi avons débuté ensemble et nous nous connaissons bien, nous avons confiance l’un envers l’autre et tu sais que tu pourras compter sur ma franchise et ma loyauté.
Mon dernier mot sera pour vous, très chères UJA, je vous aime toutes !
J’aime votre fougue, votre audace, votre singularité, votre impertinence et votre dynamisme.
Vous êtes à la fois, notre essence et notre moteur.
Ma principale conviction est celle de notre force incroyable, mon seul intérêt sera toujours celui de notre fédé bien aimée avec sincérité et authenticité, sans trahir qui je suis, celle qui vient de se présenter devant vous.
Je vous remercie,
Voici qu’est désormais venue l’heure de ce rendez-vous que j’attends et appréhende depuis quelques temps déjà, celui durant lequel je dois me présenter devant vous, avec authenticité et sincérité, pour vous parler de moi.
Cette sorte d’entretien préalable rituel doit vous permettre de mieux connaître la personne qui présente sa candidature à la Première vice-Présidence de notre syndicat.
Celles et ceux qui se sont prêtés à l’exercice ne me contrediront pas, il est d’une extrême difficulté.
J’y ai également et paradoxalement perçu une chance assez unique de réaliser une introspection qui, à titre personnel, m’a profondément chamboulée et bouleversée...
Il se trouve qu’en plus, je m’y prête à un moment de ma vie où je suis encore plus sensible qu’habituellement…
L’image du jeune avocat ou de la jeune avocate, connu(e) dans ses missions syndicales doit maintenant s’estomper, pour révéler qui se cache derrière elle, à savoir, une personne, dans toute son humanité et sa singularité.
Qui plus est, quelle coïncidence pour moi de prononcer ce discours dans cette salle où mon aventure avec la FNUJA a débuté.
Je ne peux que vous remercier, chère UJA d’Aix en Provence, pour vous être portée volontaire, pour votre accueil et votre dévouement, dans l’organisation de ce magnifique congrès.
Car, comme une boucle bouclée, il y a un peu plus de six ans, le 20 janvier 2018, en tant que Présidente de l’Union des Jeunes Avocats des Pyrénées-Orientales, j’ai assisté à mon premier comité décentralisé dans cette même salle de l’Hôtel de Maliverny.
Pendant les prochaines minutes, avec mon cœur et sans tricher, je vais donc essayer de raconter les évènements qui ont jalonné ma vie et de vous parler des personnes qui m’ont accompagnées.
Commençons par les premières.
Mes grands-parents maternels, Jeannine et Joseph, se rencontrent enfants, dans les années 1940, de l’autre côté de la Méditerranée, en Algérie, dans les rues de Djidjelli.
Lui est né à San Feliu de Guixols, en Catalogne, fils de républicains ayant fui la dictature de Franco. Elle, est l’aînée, d’une mère sicilienne et d’un père corse, arrivés comme beaucoup d’autres en Algérie rêvant d’une vie douce pour leur famille.
Quant à mes grands-parents paternels, Henry et Caroline, ils se connaissent étudiants, à Montpellier. Elle est originaire de l’Aude, ce département voisin des Pyrénées-Orientales que les roussillonnais se plaisent à appeler « pays gavatx », et lui de Collioure, un petit village de la côte vermeille, dont les couleurs ont inspiré Matisse et Derain.
Je suis donc ce qu’on appelle un pur produit méditerranéen.
Jacques et Véronique, mes parents, se rencontrent eux-aussi à Montpellier, sur les bancs de la faculté de médecine.
Mon père est un étudiant un peu dissipé mais brillant, déterminé à atteindre l’objectif qu’il s’est fixé à savoir, devenir médecin généraliste à Collioure et s’occuper des vignes familiales.
Ma mère, quant à elle, doit plus sa présence dans cette faculté à sa volonté de quitter Perpignan, assoiffée de découverte et de liberté, plutôt qu’à une vocation poussée pour la médecine. Elle se réorientera par la suite en droit et réussira fort bien ses études en obtenant, son diplôme supérieur du notariat.
A la fin de leurs études, mes parents se marient et s’installent à Collioure, où un cabinet médical attenant à celui de mon grand-père attend mon père.
C’est à ce moment-là que j’arrive, le 18 décembre 1988.
Un bébé de 4,150kg, qui ressemblait, selon mon père, déjà à un bébé d’un mois.
Si leur amour envers leur petite fille est infini, le leur s’étiole et ne résiste pas à la lassitude d’un quotidien, peut-être trop conventionnel pour eux.
En septembre 1991, ils divorcent, je n’ai même pas trois ans.
Avant les autres donc, j’apprends à mes dépens ce qu’est le chagrin d’une rupture et pendant des années, du fait de sa proximité temporelle avec ma naissance, je pense que mon arrivée n’est pas étrangère à leur séparation…
J’ai d’ailleurs récemment mesuré les difficultés que j’ai pu avoir, étant plus jeune, pour verbaliser mon ressenti, de peur de causer des soucis aux autres, un trait semble-t-il, assez commun à beaucoup d’enfants de parents séparés.
Ma chance néanmoins est de les avoir, eux, comme parents.
Ils m’apportent un amour inconditionnel et infini, dont je ne doute jamais, et qui leur permet, avec beaucoup d’intelligence et de discernement, de dépasser leur colère et leurs rancœurs pour me préserver et me permettre de grandir dans un climat serein et apaisé.
La fluidité de leur relation et leur bonne entente ont d’ailleurs fait naître dans mon esprit d’enfant, l’espoir secret de les voir un jour se retrouver…
Cet espoir s’est amenuisé avec les années mais il n’a pas vraiment été déçu.
En grandissant, j’ai compris que s’éloigner pour tenir son enfant à l’écart des tensions, quand on ne peut plus vivre ensemble et préserver une entente par la suite, même à distance, est bien plus courageux que de le maintenir au milieu d’une situation de conflit permanent qu’il subit, impuissant.
Avec ma mère, nous quittons Collioure pour Perpignan, afin de nous rapprocher du domicile de mes grands-parents maternels.
Elle bénéficie à ce moment-là, d’une passerelle entre le notariat et l’avocature, et mène de front avec constance et courage, sa profession et son rôle de mère célibataire.
Pour l’épauler, ma grand-mère Jeannine s’occupe de moi du matin au soir, avec dévouement, constance et affection sans faille.
Elle a été le pilier de cette enfance, heureuse mais un peu atypique.
Institutrice de formation, elle a suivi attentivement ma scolarité, me permettant d’être une bonne élève.
Un débordement d’amour pour tenter de combler le vide laissé par la séparation de mes parents, qui l’a conduit à vouloir toujours le meilleur pour moi.
C’est ce qui explique qu’elle se soit un peu trop inquiétée de mon en-bon point étant enfant, ancrant ainsi en moi, une image faussée et déformée de l’idéal féminin et de mon propre corps, dont il m’a fallu des années pour me détacher.
Je lui suis, au fond, reconnaissante, car à travers ses propres failles, dont elle n’était en réalité pas responsable, elle a nourri en moi la force de guérir les miennes.
Je sais au fond de moi, qu’elle accompagne chacun de mes pas.
Ma famille maternelle, pied-noire, et est une famille unie et chaleureuse.
Chaque été, toute cette « smala » comme j’aime l’appeler, se retrouve dans le sud de l’Espagne, dans un petit village de la Costa Blanca, entre Valence et Alicante, qui s’appelle Moraira.
De ces vacances du bonheur, je me remémore le goût de la glace au marron glacé et celui des « palitos », ces petits gressins que ma grand-mère achetait pour grignoter à la plage.
De son côté, mon père est attentif et présent dans ma vie, je partage avec lui et ma petite sœur adorée, Mathilde, née en 1995, de merveilleux moments.
Pour elle, le mot « demie » n’a jamais existé.
Il nous initie aux activités qui le passionnent : Plongée sous-marine, planche à voile, ski nautique, randonnée, ski alpin… et éveillera notre goût commun pour les voyages. Auprès de notre père, nous n’avions jamais peur de quoi que ce soit.
De mon attrait pour la mer et pour la faune marine, se révèle d’ailleurs, lorsque j’ai huit ans, en regardant le film « les Dents de la Mer », une passion « dévorante » pour les requins qui ne m’a en réalité jamais quittée.
Ma mère travaille beaucoup pour s’assurer que je ne manque de rien. Je la vois dès lors assez peu, mais l’admiration que je nourris envers elle me réconforte.
Je suis fière lorsqu’on me demande son métier et que je peux répondre qu’elle est « avocate », pour la petite fille que je suis, synonyme d’héroïne, un qualificatif qui lui va d’ailleurs toujours aussi bien aujourd’hui.
Il lui arrive à cette époque de m’amener à son cabinet et même en audience. Je reste persuadée que ces immersions dans le monde judiciaire ne sont pas étrangères à mon parcours.
A mon entrée au collège, mes parents font le choix de me scolariser dans un établissement privé catholique de Perpignan, Saint-Louis de Gonzague, où mon père avait été pensionnaire.
Bien qu’encadrée par des règles assez strictes, j’y forgerai de merveilleux souvenirs de mes années, de la 6ème à la terminale.
J’y rencontre d’ailleurs celles qui sont toujours mes deux meilleures amies, deux de mes personnes providentielles, Claire et Camille, ainsi que mes amis d’enfance, rassemblés aujourd’hui dans un groupe whats app dénommé « El Perpignouz », et régulièrement alimenté par les photos de notre quotidien d’adulte.
Je suis toujours une bonne élève mais bien moins timide, plus dissipée.
Je ne dois en réalité mon maintien dans cette école qu’à une imitation parfaite de la signature de ma mère sur mon carnet de liaison, et des notes plutôt bonnes, sauf en mathématiques.
Je réussis miraculeusement à décrocher un bac S avec mention bien, en ayant eu dans cette matière, la brillante note de 7/20…
Détestant en plus des mathématiques, la physique et la chimie, préférant les matières plus littéraires comme le français, la philosophie ou l’histoire-géographie, ayant manqué de m’évanouir lors de ma première dissection de grenouille au collège, c’est donc avec une certitude quelque peu immature que je décide d’entamer des études de… médecine à Montpellier.
A partir de là, mon père s’emballe, s’enthousiasme et projette en moi ses propres ambitions.
Rapidement, je m’interroge sur la pertinence de mon choix mais terrifiée à l’idée de le décevoir, je ne lui dis rien.
Ce qui me rassure dans ce projet, c’est qu’à Montpellier, je ne serai pas séparée de mes précieuses amies Claire et Camille, qui s’orientent respectivement en médecine et en pharmacie.
Mon manque d’intérêt pour les matières scientifiques m’amène rapidement à un abandon à la fin du premier semestre.
C’est en réalité, pour moi un véritable échec, le premier d’un parcours jusque-là plutôt lisse.
Mon terrain assez fertile aux problèmes alimentaires favorise alors une perte de poids importante, laquelle n’avait au fond que pour seul objectif de manifester sur mon corps, un mal-être et une tristesse que je ne parviens pas à verbaliser.
Mon père prend conscience de mes difficultés et dans un courrier touchant, il écrira cette phrase que je n’oublierai jamais et qui me tranquillisera pour le reste de ma vie : « si tu me dis que ce qui te rend heureuse c’est de jouer du violon dans la rue, ça suffira à me rendre heureux ».
Je comprends donc ce jour-là que celui, dont j’ai toujours admiré la réussite, l’intelligence et le dynamisme, m’aime telle que je suis et sera toujours fier de moi.
Loin d’une carrière de violoniste de rue, je m’inscris alors à la faculté de droit de Montpellier.
En deuxième année, j’y fais deux rencontres qui auront un impact décisif sur la suite de mon parcours.
La première s’appelle Chloé et nos premiers échanges se font autour d’un café, devant le bâtiment 1 de la faculté de droit.
Elle aussi est en réorientation, après une erreur d’aiguillage pour sa première année d’études, en prépa hypokhâgne.
C’est un premier point commun entre nous...
Si dans un premier temps, les autres ne nous sautent pas aux yeux, par chance, les années nous les révèleront au fil du temps.
Elle est aujourd’hui bien plus que mon amie, mon associée avec laquelle j’ai créé Zephyr Avocats, celle en qui j’ai toute confiance et dont je peux compter sur le soutien indéfectible.
La seconde rencontre est un jeune professeur agrégé, brillant, drôle et bienveillant envers les étudiants qui nous dispense au second semestre en L2, le cours de droit administratif. Il s’appelle Guylain Clamour.
Je m’intéresse à cette matière et mes résultats augmentent me permettant d’obtenir mes examens pour la première fois avec une mention.
Soucieux de faire du droit public des affaires, une voie d’excellence, le Professeur Clamour a pour projet de créer un magistère de droit public des affaires.
Dans mon esprit, le magistère est une formation « d’élite » mais surtout austère, fréquentée par des étudiants ambitieux et hautains, affublés au quotidien soit d’un costume, d’une cravate et de chaussures vernies, soit d’un tailleur, d’un sac de marque et de talons hauts.
(Pardon pour les anciens étudiants de magistère dans la salle… Je vous rassure, j’ai depuis quelque peu nuancé mon avis.)
Mon goût prononcé pour le droit administratif me pousse à candidater et, de manière assez inattendue, je suis admise.
« Nous avons décidé de vous faire confiance », me dit le Professeur Clamour, lorsqu’il m’appelle pour m’annoncer cette bonne nouvelle.
J’intègre donc en septembre 2009, la première promotion de cette nouvelle formation.
Mes camarades ont tous des parcours brillants.
J’y retrouve Chloé et j’y rencontre Ariane, fraîchement arrivée de Toulouse, drôle, futée, un vrai coup de cœur de cette rentrée qui s’est confirmé avec le temps puisqu’elle est aujourd’hui ma seconde associée dans l’aventure Zephyr Avocats.
Je fais également la connaissance de Jeremy, qui restera mon meilleur ami, Mathilde, Marie, puis Tom, Marion et d’autres, avec lesquels je noue une amitié durable.
Je comprends aussi que si je ne veux pas être en queue de peloton, il va falloir que je me mette à travailler un peu plus.
Rapidement, Guylain Clamour évoque l’opportunité de passer l’examen d’entrée à l’école d’avocats, le pré-CAPA, dès la fin du Master 1. « Vous serez plus frais » nous dit-il.
L’idée de devenir avocate en droit public commence à germer en moi et sur les conseils de ma mère, je sollicite Gilles Margall, une de ses connaissances, avocat en droit public à Montpellier, pour qu’il accepte de m’accueillir le temps d’un stage en juin dans son cabinet.
Je me greffe durant cette première expérience, à sa jeune collaboratrice, Gaëlle d’Albenas, qui m’amène partout et me fait découvrir un métier que je ne connaissais pas, bien éloigné de ce que j’avais pu connaître avec ma mère. Et ça me plaît…
A la rentrée en Master 1, en septembre 2010, je m’inscris donc à l’IEJ.
A compter du mois de juin, bien décidée à ne sacrifier qu’un seul été et non plusieurs, je mets en place un planning de révision assez strict qu’à ma grande surprise, j’arrive à tenir.
Durant cette période estivale studieuse, nous sommes fort heureusement cinq, embarqués dans la même galère, Chloé, Ariane, Jérémy, Marie et moi.
Nous nous appelons, nous partageons nos informations, nous nous transmettons nos fiches et nous nous encourageons.
A la rentrée 2011, nous intégrons tous le Master 2 Contrats Publics et Partenariats auquel le travail en magistère nous préparait depuis notre troisième année.
Nous passons en parallèle, tous les cinq, les épreuves du pré-CAPA, d’abord les écrits puis les oraux, et j’ai tout au long de ces épreuves, un bon pressentiment, notamment durant mon grand oral.
Les résultats sont annoncés le 8 novembre 2011, dans l’Amphithéâtre 007 du bâtiment 2 de notre faculté.
Le Professeur Philippe Petel égraine, par ordre alphabétique, les noms des admis.
« Mangin Pauline »
« Mangin, Manya, si le prochain nom n’est pas le mien, c’est mort » me dis-je intérieurement…
« Manya Camille »
Me voici admise, je serai donc avocate.
La fête de cette réussite durera non pas une soirée mais en réalité, une année, cette année 2011-2012, le millésime de mes années à la faculté.
En septembre 2012, je fais ma rentrée à l’Ecole de formation des avocats centre-sud de Montpellier, l’EFACS.
La proximité alphabétique de nos noms de famille nous permet, avec Chloé, de ne pas être séparées dans les groupes de travail.
A compter de mars 2013, j’effectue mon stage d’élève-avocate au sein du cabinet Scheuer-Vernhet et associés, SVA, l’un des plus gros cabinets montpelliérains.
Madeleine, elle aussi étudiante à l’EFACS, est ma costagiaire, elle fait du droit de la construction.
Une amitié forte se noue entre nous et le rire est notre meilleur allié pour dédramatiser les difficultés du métier d’avocat que nous découvrons sur le tas.
Rapidement, j’apprends qu’il n’y aura pas de perspective de collaboration pour moi dans ce cabinet.
Je vis à nouveau comme un échec, le sentiment de n’avoir pas réussi à donner envie aux avocats avec lesquels je travaille de me garder.
Je dois donc me mettre en quête d’une première collaboration, en droit public.
Je décide de concentrer mes recherches sur les deux grandes villes les plus proches de Montpellier, Marseille où Claire suit son internat d’orthodontie et Camille son école d’architecture, et Toulouse.
Un cabinet toulousain répond alors à ma candidature me demandant préalablement de prendre ma journée pour cet entretien. A mon arrivée, je découvre qu’il va me falloir rédiger un mémoire en défense en droit de l’urbanisme… Je me plie à cette exigence, qui avec du recul, aurait dû m’alerter…
Je suis embauchée et en octobre 2013, après avoir réussi mon CAPA, je m’installe à Toulouse, une ville que je connais peu.
Cette première collaboration se passe mal. Elle se terminera au bout de quatre longs mois.
L’échec à nouveau et le sentiment d’avoir raté mon entrée dans la profession m’envahissent et me paralysent dans la perspective de nouvelles recherches, je me sens nulle et incapable d’exercer ce métier.
Je ressens aussi beaucoup de colère car je sais que mes droits en tant que collaboratrice libérale n’ont pas été respectés, mais je n’ose pas agir, par peur.
C’est de cette première expérience ratée que j’ai, je pense, nourri une partie de mon engagement et de ma détermination à lutter contre les mauvais traitements subis par les jeunes avocats collaborateurs.
Inquiète de me voir aussi déstabilisée, ma mère me propose de m’embaucher en collaboration à mi-temps.
Début avril 2014, j’intègre le Barreau des Pyrénées-Orientales.
J’y fais assez rapidement ma place et à vrai dire, je m’y plais.
Quelques semaines plus tard, j’apprends que Gilles Margall, le même avocat qui m’avait accueillie en stage lorsque j’étais à la faculté, recherche un avocat publiciste pour son cabinet secondaire de Perpignan.
Ma candidature est acceptée et débute en septembre 2014, une collaboration extrêmement formatrice qui durera cinq années et qui fera de moi, l’avocate que je suis aujourd’hui.
Parallèlement, pour nouer des liens avec les avocats de mon Barreau, j’adhère rapidement à l’UJA des Pyrénées-Orientales et me rend aux événements.
Sabrina Brazo est alors Présidente. Rapidement, le courant passe entre nous.
C’est avec elle que j’entends parler pour la première fois de la FNUJA avec la « caravane de l’installation » qui passe à Perpignan au mois de septembre 2014.
Ne me jugez pas si je vous dis qu’à ce moment-là, j’imagine alors une caravane bleue et jaune, remplie de goodies, qui sillonne la France pour héberger les jeunes avocats de la FNUJA qui viennent dispenser des formations aux jeunes Confrères.
A la fin du mois de septembre 2014, une réforme de l’aide juridictionnelle est envisagée.
Les barreaux se mettent en grève et je rejoins les marches du Palais de justice aux côtés de mes nouveaux Confrères.
L’ordre appelle une équipe de volontaires pour un aller-retour à Paris le 10 décembre 2014, dans la journée. Une véritable opération commando, départ à 5heures, retour à 23 heures.
Aucun problème pour moi, le train ne me fait déjà pas peur.
Dans cette marée de robes noires, je croise Chloé avec laquelle je pose fièrement sur un selfie, rabat, rouge pour elle, sang et or pour moi, sifflets autour du cou.
J’entrevois au loin les banderoles bleues et jaune de la FNUJA, et cette bande de jeunes Confrères qui ont l’air de si bien s’entendre…
Au retour de cette manifestation, Sabrina me propose rapidement d’intégrer le bureau de l’UJA que j’accepte avec enthousiasme.
En janvier 2016 néanmoins, mon activisme débordant est stoppé net par une grave fracture de la cheville droite, au cours d’un accident en monoski nautique, qui me contraindra à l’immobilisation durant plusieurs semaines.
Une reprise de mes activités prématurée aura d’ailleurs raison de ma récupération et me laissera quelques séquelles arthrosiques qui expliquent les raisons pour lesquelles, en soirée notamment, vous me verrez très rarement en talons, allant même parfois jusqu’à troquer discrètement des chaussures inconfortables contre une paire de baskets…
En dépit de ces difficultés, à la fin de l’année 2016, je deviens Présidente de l’UJA des PO, avec un bureau en grande partie renouvelé.
Sabrina prend la vice-présidence, gardant ainsi un œil bienveillant sur l’UJA, et Maka et Fiona nous rejoignent, respectivement en tant que secrétaire et trésorière.
Je partage avec elles trois, un enthousiasme sans limite et une énergie débordante, notre entente au sein de ce bureau est parfaite.
Nous mettons en place des formations régulières, grâce à la FNUJA, et des événements qui rencontrent un franc succès.
Je ne suis pas peu fière d’ailleurs que la plupart d’entre eux, comme l’arbre de noël, une idée de Maka, ou encore les Jeudis de l’UJA, traversent les années et perdurent aujourd’hui.
Au début de l’année 2018, l’envie d’aller à la rencontre de la FNUJA me traverse alors l’esprit.
Le prochain comité se tient le 20 janvier 2018, à Aix en Provence.
Je suis bien trop timide pour m’y rendre seule durant tout un week-end, alors je décide de faire l’aller-retour le matin, depuis Montpellier.
J’arrive donc, le samedi matin, à Aix en Provence et entre dans cette même salle, impressionnée par tant de monde.
Je me présente au Président de l’UJA d’Aix en Provence, un certain Guillaume Isouard, il me salue et note mon nom.
Rassurée, j’aperçois deux visages me sont connus, camarades de promotion à l’EFACS, Yannick Cambon, Président de l’UJA de Béziers et Fanny Pierre, Présidente de l’UJA de Draguignan. Ils m’accueillent chaleureusement et me présentent à d’autres confrères.
Sur l’estrade, sont installés les fameux « membres du bureau » de la FNUJA, dont je connaissais en réalité les visages pour avoir consulté le trombinoscope sur le site internet.
Au centre, c’est la Présidente, Alexandra Boisramé, celle avec laquelle j’échangeais à propos des formations et dont Chloé, inscrite alors au Barreau de Nîmes m’avait parlé.
« Tu vas voir, c’est une nana géniale » m’avait-elle dit.
Je dois dire que je suis assez impressionnée lorsque je la vois et l’entends mener cette réunion.
Chloé ne m’avait pas menti, cette fille est canon, rayonnante, lumineuse, ça m’a l’air d’être en effet une sacrée nana.
Elle sera celle que j’ai toujours admiré et que j’appellerai plus tard et avec beaucoup d’affection, maman chat.
Si j’observe les gens autour de moi, en revanche, je ne comprends rien à ce qu’ils disent.
Un texte est projeté, apparemment, ça s’appelle une motion, je me demande bien qui a pu l’écrire.
Elle évoque le pacte de quota litis, dont la prohibition serait apparemment menacée, et détaille la position du syndicat, qui s’y oppose.
Une fille demande la parole et se lève je comprends qu’elle s’appelle Ariane et qu’elle s’occupe de la commission mineurs. Elle suggère de remplacer un « ESTIME » par un « CONSIDERE »…
Ils sont fous ces gens…
A la fin du comité, Alexandra me donne la parole, à l’occasion de la vie des UJA.
Je note qu’elle elle se rappelle de mon prénom et en plus, elle souligne le dynamisme de notre UJA, au regard du nombre de formations organisées.
Une grande fierté m’envahit.
C’est ainsi rechargée à bloc par l’énergie de cette assemblée, que je rentre à Perpignan, avec déjà l’envie de revenir à la « fédé ».
Ça tombe bien, le comité décentralisé suivant se tient à Nîmes, à deux heures de Perpignan.
En plus, je ne serai pas en terres trop inconnues, la Présidente de l’UJA de Nîmes est Pauline Garcia, nous étions dans la même promotion à l’école d’avocats de Montpellier.
En discutant avec les personnes présentes à la soirée, je comprends que le comité du samedi se tient non pas le matin, mais l’après-midi… Je n’avais effectivement rien compris de mon précédent comité.
Le lendemain, je croise Alexandra la rayonnante aux alentours de midi, qui me demande si je suis seule, je réponds par l’affirmative et elle m’invite à rejoindre sa tablée au restaurant de l’hôtel.
Parmi eux, il y a Jean-Baptiste Blanc, je devine sans trop de difficulté qu’il est de l’UJA de Marseille, et me dit que ses cousines sont avocates à Perpignan.
Je ne pourrai pas me rendre au Congrès de Bayonne et ce n’est en réalité qu’au comité de Lyon, que je retrouverai la FNUJA, en avril 2019.
Entre temps et d’une certaine façon, forte des échanges que j’avais pu y avoir et soutenue par mon UJA, j’intègre en janvier 2019, le Conseil de l’Ordre de mon Barreau, en binôme avec Mathias Blanc (aucun rapport avec les cousines de Jean-Baptiste).
Je découvre le fonctionnement du Barreau et prend pleinement la mesure du rôle important des membres du Conseil de l’Ordre.
Cette année 2019 est marquée par un évènement difficile, qui viendra bouleverser ma vie.
En février, j’apprends que ma cousine germaine, Laure, 36 ans, mère de deux jeunes enfants, est atteinte d’une leucémie et que pour survivre, elle a besoin d’un don de moelle osseuse, de la part d’un donneur compatible.
Son petit frère, Jean-Roch, affectueusement surnommé Jojo depuis son enfance, a le même âge que moi et nous sommes très proches. Il en est profondément bouleversé.
Alors, pour donner à Laure l’envie de tenir le coup et de se battre, et à notre Jojo, l’espoir de voir sa sœur guérir, avec mes cousines notamment ma grande cousine Sophie, nous remuons ciel et terre pour mener toutes les actions qui permettront de sensibiliser les personnes à l’impérieuse nécessité de s’inscrire sur la liste des potentiels donneurs de moelle osseuse et trouver le donneur compatible pour ma cousine.
Les médecins finiront par le trouver, un don de moelle pour un don de vie, celle de ma cousine sera ainsi sauvée.
La précarité de l’existence me frappe alors durement au visage. La maladie de ma cousine me fait prendre conscience que tout peut s’arrêter, du jour au lendemain.
Cela me pousse à m’interroger sur ma propre vie et notamment à propos de cette case dans laquelle je m’obstine à vouloir rentrer, ces rails sur lesquels je fonce à toute allure.
Alors, comme un symbole de mon émancipation, je décide, pour l’été de mes 30 ans, de partir seule, à l’autre bout du monde, plonger sur l’île de Guadalupe, une île du Pacifique au large du Mexique, à la rencontre de cet animal qui me fascine depuis mon enfance, le grand requin blanc.
Cette expérience est marquée de manière indélébile sur la peau de mon poignet gauche, par un petit aileron fendant les vagues de l’océan.
Ce même été 2019, je décide aussi de quitter ma collaboration et d’installer mon propre cabinet dès la fin de mon préavis, en janvier 2020.
En prenant le parti d’exercer en droit de la fonction publique et de me placer du côté des agents, j’ai le sentiment de contribuer à un rééquilibrage d’une situation inégalitaire par essence.
Au fond, l’exercice de cette matière va de pair avec mon engagement syndical, que je poursuis au sein de la FNUJA.
En mai 2019, je rejoins Paris pour mon premier Congrès.
Lors de l’Assemblée Générale, je me présente auprès d’un certain Charles-Edouard dit Charlou, de Strasbourg, « Je m’appelle Camille Manya (et non pas Camille Onette [ndlr : mon pseudo sur le réseau social facebook]) et je viens de Perpignan ». Suffisamment convaincant pour qu’il m’entraîne avec lui en commission collaboration.
La FNUJA veut œuvrer pour la création d’un contrôle des modalités de l’exécution des contrats de collaboration par les Ordres et la création d’une sanction d’interdiction de recruter un collaborateur….
Ces propositions résonnent en moi et me rappellent l’expérience difficile de ma première collaboration à Toulouse, durant laquelle j’aurais tant aimé que l’Ordre agisse grâce à des tels outils.
La motion présentée s’intitule « halte à l’impunité », elle est adoptée et quelques années plus tard, ces travaux aboutiront, grâce au travail de Charlou, alors Président de la commission collaboration du CNB, à la concrétisation du contrôle évoqué et à la création de cette nouvelle sanction.
A la rentrée 2019, la rumeur de la suppression de notre régime autonome de retraite, voulue par le gouvernement commence à se répandre et la FNUJA, en alerte grâce au travail de Catheline Modat, alors première vice-Présidente, appelle ses troupes pour mobiliser les Confrères.
Unis dans la contestation, l’ensemble des barreaux se mettent alors en grève et les avocats descendent dans la rue, à Paris mais aussi dans les villes de province. Je manifeste ainsi tantôt avec mon barreau et mon UJA, tantôt avec la FNUJA, à Paris.
C’est dans ce contexte tendu que se tient le comité décentralisé de Lille, en février 2020 au cours duquel la mythique soirée à la Bonbonnière nous fera oublier, pour quelques heures, les tensions liées à ce contexte.
En mars 2020, le monde se fige. La pandémie de Covid 19 fait trembler la planète et les populations se confinent.
A cette époque je vis seule, à Perpignan et me retrouve confinée dans mon appartement.
Les apéritifs du vendredi soir avec la belle équipe des « recrues la Bonbonnière » deviennent un rituel salvateur dans mon isolement parfois pesant.
Permettez-moi de profiter de l’occasion pour vous dire à toutes et tous, habitués ou moins habitués de ces rendez-vous, vous qui vous reconnaîtrez à travers ces joyeux souvenirs, à quel point votre énergie, votre bonne humeur ont été source de réconfort, je vous en remercie.
Au printemps, la France se déconfine par étape et pour la FNUJA, le temps des retrouvailles approche.
Après l’annulation du Congrès en Guadeloupe, un nouveau Congrès est programmé, il se tiendra à Marseille en juillet 2020 et bien entendu pour rien au monde, je n’aurais manqué ce rendez-vous.
J’y retrouve avec enthousiasme la commission collaboration, toujours présidée par Charlou qui cette fois, ne me laisse pas d’autre choix que de venir rapporter la motion à ses côtés.
A la fin de l’assemblée générale, déterminée à concrétiser, mon engagement pour la FNUJA, je m’approche de Catheline, future Présidente, pour lui faire part de ma candidature au poste de déléguée FNUJA.
Elle me répond alors : « Attends, on a pensé à autre chose pour toi Simon veut te proposer d’intégrer le bureau. Il t’en parlera ce soir ».
Je n’y crois tout simplement pas.
Moi qui arrive d’une toute petite UJA du bout de la France, qui me suis engagée, sans rien attendre en retour, avec je pense, authenticité et sincérité, je n’imaginais pas une seconde qu’on me ferait un tel honneur.
J’apprends aussi qu’entreront en même temps que moi, Sonia Ouled-Cheikh, avec laquelle j’avais déjà noué une certaine complicité autour de nos goût musicaux communs, et Niels Bernardini, issu de l’UJA de Paris, dont Simon Dubois me dit qu’il est un « super mec ».
Le comité électif est programmé le 29 août 2020.
Ce week-end là, j’organise l’enterrement de vie de jeune fille de ma meilleure amie Claire, à Sète.
Qu’à cela ne tienne, portée par une énergie sans limite, je prends, après une nuit blanche, un avion de Montpellier le matin pour faire l’aller-retour dans la journée.
Le comité se tient dans la bibliothèque de l’ordre des avocats à la cour d’appel et les règles de distanciation nous contraignent à poser éloignés les uns les autres sur la photographie du bureau.
Je décline en revanche, ma participation au premier week-end bureau de Catheline, car Claire, dont je suis la témoin, se marie avec Charles-Henri, le même week-end, le 26 septembre 2020.
Et à cette occasion, j’y fais une rencontre que je n’attends pas.
Un des témoins du marié s’appelle Arthur (en réalité, sur quatre témoins, trois d’entre eux s’appellent Arthur, mais ce sont le sourire franc et le regard doux du plus grand des trois, qui retiendront toute mon attention).
Ce jour-là, je sais déjà au fond de moi, que je viens de rencontrer l’homme de ma vie. Celui pour qui, par la suite, je n’hésiterai pas une seconde à déplacer ma vie vers Annecy.
En marge de cette nouvelle vie entre Alpes et Pyrénées, notre année au bureau se poursuit au rythme des confinements successifs et des restrictions sanitaires qui nous imposent la visioconférence, nous empêchant de profiter des moments de convivialité.
L’UJA de Lyon, en juin 2021, sous la présidence d’Achille Viano, accepte avec gentillesse et dévouement, d’organiser le congrès en version restrictive, et j’expérimente le rythme d’un premier Congrès en étant membre du bureau.
Dans un discours unitaire et rassurant, Simon Warynski nous promet que « tout ira bien ».
J’apprends que Pierre Brasquies de Grenoble et Axel Calvet, du Val d’Oise, qu’à cette époque je ne connais qu’à travers les apéros en visio du confinement nous rejoignent au bureau et je m’en réjouis.
D’autant que j’avais eu l’occasion de constater qu’avec Pierre, nous partagions une passion commune pour les chanteurs oubliés des années 90-2000, moi les Backstreet Boys et lui, Eve Angeli, cela ne pouvait qu’augurer une bonne entente.
Je ne soupçonne pas en revanche à ce stade, qu’elle se transformera en une belle amitié, sincère, franche et loyale.
Quant à Axel, nos premiers échanges se feront à Riquewihr, je comprends rapidement qu’il déborde d’entrain.
Nous retrouvons dès le mois d’octobre 2021, les précieux rendez-vous des comités décentralisés, d’abord à Nice, puis à Risoul et à Saint-Malo, où nous profitons des moments de fête, si heureux de nous voir, enfin « en vrai ».
Le congrès en fin de mandature, organisé d’une main de maître par l’UJA de Strasbourg et de Saverne, présidé par Anne Gangloff, nous rassemble. Un congrès en partie studieux pour moi, en tant que trésorière.
C’est à cette occasion que Sonia y prononcera un magnifique discours de candidature à la première vice-Présidence.
Je suis à vrai dire très émue de la voir accéder à cette fonction.
Depuis le départ de mon aventure à la FNUJA, elle est ma boussole.
J’ai tissé avec elle des liens forts, et la complicité qui nous liait à notre entrée au bureau se mue en une amitié sincère.
Je ne crois pas que le destin l’ait mise sur ma route par hasard.
Courageuse, brillante, perfectionniste, je lui serai toujours reconnaissante.
Quant à Simon Dubois, candidat à la Présidence, il nous livre un discours engagé et prenant.
Durant sa mandature, il garde le cap et ne fléchit pas, en dépit des tempêtes que nous traversons.
Rachel Akacha, vient de nous rejoindre, et très vite, intelligente et dégourdie, elle sait s’adapter, à vrai dire, elle m’impressionne.
Mon plus beau souvenir de cette mandature, première année à la vice-Présidence Province, restera le comité de Perpignan, organisé grâce à la confiance de mon UJA des PO.
Je serai toujours reconnaissante envers son bureau qui m’a suivie dans ce pari un peu fou. UJA des PO, si tu ne viens pas à la FNUJA, la FNUJA viendra à toi !
Julien, Yann, Alice, Jordi, aujourd’hui rejoints par Eleonore, Claudia, Antoine, Roxane, Aurégane, Lisa, qu’elle est belle cette UJA !
Dans le même temps, je me réjouis de l’arrivée de l’UJA d’Annecy au sein de notre fédération, dont les membres m’accueillent chaleureusement, car je viens de créer un cabinet secondaire, à Annecy, dans l’objectif de m’y établir désormais durablement.
D’ailleurs, je sais au fond de moi que la FNUJA n’est pas étrangère à la confiance et à l’audace que je puise en moi, pour me lancer dans le pari un peu fou d’ouvrir un cabinet secondaire à 700 kilomètres de mon barreau d’exercice.
La présence de Pierre et des copains de l’UJA de Grenoble, à proximité de ma nouvelle ville, me rassure.
Nous profitons, en mai 2023, d’un cadre idyllique, de la gentillesse de l’UJA de Guadeloupe, qui nous reçoit pour le Congrès, de Kenny Bracmort, son président, et de Sandra Divialle-Gélas, qui ont, à cœur de nous recevoir et nous faire connaître leur magnifique île.
Ma seconde année en tant que vice-présidente Province débute alors par les cinq plus longues minutes de ma vie, une chute par-dessus bord, au départ de la Juris’Cup, sans gilet de sauvetage, au milieu de la rade de Marseille, comme le présage d’une année mouvementée, qui s’achève au pied de cette première marche vers les plus hautes fonctions de notre syndicat.
M’y voilà, ce qu’en réalité, je n’imaginais pas une seule seconde lorsque j’ai accepté de rentrer au bureau.
Ce sont désormais vos votes qui me donneront l’élan nécessaire pour la gravir et m’engager pour deux années intenses, au service de la FNUJA.
Arthur, sache que je mesure chaque jour, la chance que j’ai de t’avoir dans ma vie. Je suis si heureuse de savoir que la petite fille que nous accueillerons bientôt aura pour père, la plus belle personne du monde, le plus extraordinaire des hommes.
Niels, je suis certaine que notre binôme à la tête de notre syndicat fonctionnera sans difficulté, toi et moi avons débuté ensemble et nous nous connaissons bien, nous avons confiance l’un envers l’autre et tu sais que tu pourras compter sur ma franchise et ma loyauté.
Mon dernier mot sera pour vous, très chères UJA, je vous aime toutes !
J’aime votre fougue, votre audace, votre singularité, votre impertinence et votre dynamisme.
Vous êtes à la fois, notre essence et notre moteur.
Ma principale conviction est celle de notre force incroyable, mon seul intérêt sera toujours celui de notre fédé bien aimée avec sincérité et authenticité, sans trahir qui je suis, celle qui vient de se présenter devant vous.
Je vous remercie,